top of page
  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

La loutre d’Europe à la reconquête de son territoire !


Loutre d'Europe (Lutra lutra)

Loutre d'Europe (Lutra lutra) ©Thibaut Pilatte

La loutre d’Europe (Lutra lutra) est un carnivore principalement nocturne. Son aire de répartition s’étend de l’Europe de l’Ouest à l’Asie mineure. Elle vit le long des cours d’eau, de lacs, de rivières et de fleuves.

Semi-aquatique, elle se nourrit essentiellement de poissons, mais aussi de mammifères, de reptiles et d’oiseaux. Elle possède une densité de poils très importante, 2 couches de poils lui assurent une température stable tout en restant étanche. La loutre d’Europe est solitaire et très territoriale. Lors de la période de reproduction, les couples ne restent que quelques jours ensemble. Le mâle ne s’occupe pas de l’élevage des petits. La mère met bas de 1 à 3, rarement 4, loutrons. La croissance des petits est lente, ils ne quitteront leur mère qu’après plusieurs mois.

Loutre d'Europe (Lutra lutra)

Pattes palmées de la loutre d'Europe (Lutra lutra) ©Thibaut Pilatte

Une espèce persécutée

La loutre d’Europe a longtemps été chassée pour diverses raisons, les pécheurs y voyaient une concurrence pour leur activité. Elle était aussi chassée pour sa viande. Les loutres font parties des espèces indicatrices d’une bonne qualité de l’eau. La pollution de son habitat est un facteur important. Aujourd’hui, l’espèce est protégée mais des menaces comme les collisions sur la route, la mortalité des jeunes, le faible renouvellement de génération, l'empoisonnement, le braconnage etc, restent un frein à son expansion.

Répartition en noir de la loutre d'Europe en Europe de l'Ouest en 2012 ©Agence Européenne de l'Environnement

Une cohabitation difficile

Si le grand public semble avoir une bonne image de la loutre, ce n’est pas le cas de tous. Les pisciculteurs sont opposés à son expansion des suites de dégâts dans leurs exploitations. Les attaques sont très aléatoires sur le territoire, les enjeux pour les prochaines années sont d’étudier ces attaques ; afin de savoir comment réduire les risques et enfin favoriser le dialogue avec pisciculteurs. Certains, plus ouvert à la discussion souhaitent créer un label “Loutre” pour ceux qui accepteraient de cohabiter avec la loutre, et vendre plus chers leurs produits. Pour le moment, il ne semble pas y avoir de solution. Des protections peuvent diminuer le risque d’attaques mais elles sont aux frais des exploitants. Une étude en République Tchèque a démontré qu’il y avait moins d’attaques lorsque la nourriture en milieu naturel était suffisante. En 2019, lors de la nouvelle version du PNA, il est annoncé qu'un médiateur a été nommé pour faciliter le dialogue avec les pisciculteurs. Toutefois, il semblerait que la loutre colonise des territoires où la pisciculture n'est pas très développé.


Un animal au centre la conservation

En 1972, la France interdit sa chasse et l’espèce devient protégée en 1981. Depuis quelques années la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM) dirige un Plan National d’Action (PNA). Selon l’ONF, « Les plans nationaux d'actions (PNA) sont des documents d'orientation visant à définir les actions nécessaires à la conservation et à la restauration des espèces animales et végétales les plus menacées afin de s'assurer de leur bon état de conservation.

Ce PNA qui rassemble plusieurs organisations comportent plusieurs objectifs :

  • la consolidation du réseau d’acteurs français et le développement des coopérations pour un meilleur suivi et une meilleure protection de la Loutre,

  • la meilleure diffusion de la connaissance sur l’espèce et sur les problématiques liées à sa conservation,

  • la mise en œuvre d’actions de conservation dont les buts principaux seront de :

- réduire la mortalité d’origine anthropique,

- protéger et restaurer l’habitat de la Loutre,

- améliorer la disponibilité des ressources alimentaires dans le milieu naturel,

  • l’amélioration des conditions de cohabitation entre la Loutre et l’aquaculture.

L’objectif à long terme est le retour de la Loutre sur son ancienne aire de répartition et cela dans les meilleures conditions possibles de cohabitation avec les activités humaines. »

En 1991 le parc animalier NaturOparC d’Hunawhir, en Alsace, expérimente un premier élevage captif de loutres d’Europe. Les premières réintroductions ont lieu en 1998. Selon le PNA de nombreuses réintroductions se sont soldées par un échec à moyen terme.

L’espèce fait partie d’un EEP. C’est un programme de reproduction en captivité, coordonné par le Parc Zoologique de Paris. Plus de 120 zoos en Europe élèvent la sous-espèce de loutre d’Europe présente chez nous (Lutra lutra lutra). A l’heure actuelle ITIS reconnaît 11 sous-espèces.

Passage à loutre sur un barrage hydraulique ©PNA loutre d'Europe (2010-2015)

Une expansion lente mais stable

Du fait de son faible taux de reproduction, et du taux de mortalité des jeunes, les effectifs et l’aire de répartition augmentent lentement.

La population italienne est isolée, fragmentée et menacée par la consanguinité à terme.

En 2012, la loutre d’Europe est à nouveau observée en Belgique. En février 2020, le WWF annonce que le mustélidé a recolonisé la Wallonie et que les populations devraient se stabiliser à l’avenir.

En France des aménagements ont été développés avec la création de passages à loutre. Ils permettent de lier entre elles les populations et de réduire les risques de collision sur la route. Les bénéfices sont pour la loutre, mais également pour les automobilistes avec une réduction des risques d’accidents.

Si la survie de l’espèce n’est pas menacée à court terme, le chemin est encore long pour que ce merveilleux animal retrouve ses effectifs initiaux.

Références :

bottom of page