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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

A la découverte du couscous des Célèbes, victime de la chasse et du trafic


Couscous des Célèbes (Ailurops ursinus)

Couscous des Célèbes (Ailurops ursinus) en captivité ©Antoine Rabussier


Le couscous des Célèbes (Ailurops ursinus) est un marsupial arboricole endémique de l’archipel des Célèbes, aussi connu sous le nom de Sulawesi en indonésien. L’espèce est classée “vulnérable” par l’UICN à cause notamment de la chasse et du commerce illégal.



Un animal étonnant


Le couscous des Célèbes partage des attributs semblables à de nombreuses espèces pourtant très éloignées phylogénétiquement. C’est la plus grosse espèce de la famille phalangeridae. Comme son nom scientifique l’indique (ursinus), la forme de sa tête et sa démarche peuvent rappeler celle de l’ours.

Ce couscous possède également une queue préhensile comme de nombreux primates sud-américains ou à l’instar du kinkajou (Potos flavus). Ce “5ème membre” lui permet de se déplacer facilement au sein de la canopée et de pouvoir se suspendre.

Frugivore mais essentiellement folivore, il se nourrit d’une trentaine de plantes différentes. Ce régime faible en qualité nutritive et fort en cellulose l’oblige à beaucoup se reposer pour digérer. A la façon du koala (Phascolarctos cinereus), le couscous des Célèbes passe ainsi 63% de son temps à se reposer ! Il conserve un mode de vie diurne et consacre seulement 5% de sa journée à s’alimenter.

Autre fait étonnant, il possède 2 doigts opposés lui assurant une meilleure stabilité lors du déplacement dans la canopée.

Vivant au sein d’un petit groupe de 3 à 4 individus, la femelle met au monde 1 à 2 petits après une période de gestation très courte, comme tous les marsupiaux. Le développement du nouveau-né se poursuit dans la poche durant 8 mois. L’espèce est également sympathrique avec d’autres couscous : le couscous de l’Île de Peleng (Strigocuscus pelengensis) et le couscous nain des Célèbes (Strigocuscus celebensis).



Menaces


Le couscous des Célèbes est aujourd’hui classé “vulnérable” par l’UICN, ses effectifs ayant diminué de 30% sur les 16 dernières années.

Peuplant les forêts humides et restant commun dans un environnement stable, il est menacé par la déforestation et la transformation de son habitat. Cependant, il s’agit sans doute de la cause la moins sévère.

En effet, la chasse est l’une des plus grandes menaces pour l’espèce. Les indonésiens persécutent grandement ce couscous pour récupérer sa viande. Bien qu’en recul relatif, le taux de pauvreté reste important en Indonésie, atteignant environ 10% de la population des Célèbes en 2018 selon Sunesas. Non protégé par la loi, le couscous des Célèbes a perdu 95% de sa population dans la réserve de Tangkoko-Duasudara sur les 15 dernières années, uniquement à cause de la chasse !

Le couscous des Célèbes est également victime du trafic et du commerce d’animaux sauvages. La demande reste faible mais semble croître et de nombreux individus sont saisis. En 2012, lors d’une opération, 17 couscous sont confisqués et ce n’est qu’un exemple. Valant entre 70 à 230 dollars, l’individu est vendu via des groupes Facebook à destination de collectionneurs privés. Le manque de contrôle et la difficulté des agents à différencier l’espèce (les trafiquants le vendent parfois sous le nom de possums) rendent la tâche complexe. Des scientifiques recommandent ainsi à l’Indonésie d’inscrire l’espèce à l’annexe II ou III de la CITES.


Couscous des Célèbes (Ailurops ursinus)

Couscous des Célèbes (Ailurops ursinus) en captivité ©Melvin Toullec



Conservation


Il n’existe aujourd’hui aucune mesure de conservation dédiée spécifiquement à l’espèce. Le couscous des Célèbes vit dans des zones protégées mais cela ne suffit pas. Des campagnes de sensibilisation et un arsenal législatif renforcé semblent nécessaires pour voir la situation s’améliorer. S’il n’existe pas de programme de captivité en Europe sous la forme d’un EEP, 3 zoos accueillent cette espèce de couscous. Le zoo de Wroclaw a même obtenu la première naissance en captivité en 2018. Le nombre d’individus et son potentiel conservatoire semble restreint, toutefois le nombre d'individus saisi a rendu possibles plusieurs imports. Une donnée reste importante : il existe 4 sous-espèces de couscous des Célèbes et il sera difficile de retracer leur origine. La pertinence d’un élevage reste à être étudiée. Le couscous des Célèbes doit également servir d’ambassadeur pour son cousin, le couscous des Talaud (Ailurops melanotis), espèce classée “en danger critique d’extinction” par l’UICN. Il serait intéressant de voir un programme de conservation se développer sur les couscous vu le nombre d’espèces évoluant dans cette région.


Références:


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