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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le lesula et le cercopithèque à tête de hibou, deux cousins à l’avenir fragile


Le lesula (Cercopithecus lomamiensis) et le cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni) sont tous deux des primates d’Afrique équatoriale. Similaires aussi bien physiquement que écologiquement, ils sont tous 2 victimes du braconnage et de la perte de leur habitat. Les 2 espèces sont classées “vulnérable” par l’UICN et vivent en République Démocratique du Congo, même si une petite population de cercopithèques à tête de hibou subsiste au Rwanda.


Lesula (Cercopithecus lomamiensis) et cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni) en captivité ©Hart JA et Melvin Toullec


Taxonomie


Le cercopithèque à tête de hibou a été découvert lorsque le marchand d’animaux, Hamlyn, a vendu un individu au Zoo de Londres en 1907. Alors qu'on estimait qu’il existait 2 sous-espèces, la tendance actuelle est que cette version serait fausse. L’absence de bande blanche nasale dans une population de la forêt de bambous du mont Kahuzi permettait de les différencier de la sous-espèce nominale. Toutefois cette absence a aussi été répertoriée dans d’autres groupes et ne serait finalement qu’une variation. Des études sont en cours mais l’espèce reste relativement peu étudiée par rapport aux autres primates de l’Ancien Monde.


Le lesula a été découvert et photographié en 2007. Il faudra attendre 2012, pour que l’espèce soit officiellement reconnue. Très ressemblant au cercopithèque à tête de hibou, il aurait divergé de son cousin il y a 1,7 million d’année. L’espèce se reconnaît par un pelage beaucoup plus clair, à tendance vert-blond et une bande nasale continue au contraire du cercopithèque à tête de hibou où la bande blanche nasale est nette.


Cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni)

Cercopithèque à tête de hibou (Cercopithecus hamlyni) en captivité ©Antoine Rabussier



Une écologie similaire


Les 2 primates sont diurnes et grégaires. Ils vivent en petits groupes composés de femelles et de leur progéniture, dirigés par un mâle. Pour le cercopithèque à tête de hibou, on estime que les groupes sont composés de 5 à 15 individus. Les 2 espèces passent la plupart de leur temps au sol à la recherche de graines et de fruits que les primates arboricoles ont fait tomber. Ils sont tout de même capable de grimper afin de dérober des oeufs d'oiseaux. L’observation d’individus est compliquée du fait que ce sont des primates calmes mais fuyant face à l’Homme.



L’expansion de l’Homme, une grande menace


La République Démocratique du Congo connaît de nombreux conflits depuis des années. Ces événements amènent à des mouvements de population et entraînent instabilité et pauvreté. Dans un pays où l’expansion minière et forestière est en plein boom, le sol regorge de richesses, diamants, zinc, or, étain, cuivres et autres minerais attirent la convoitise. Ces facteurs amènent à 2 conséquences, le cercopithèque à tête de hibou et le lesula se retrouvent menacés par la perte de leur habitat mais également par la chasse, le braconnage en particulier pour la viande de brousse. C’est d’ailleurs des chasseurs qui ont fournis les échantillons de lesula aux scientifiques lors des recherches sur l’espèce en 2012.

La viande de brousse serait en forte hausse dans les centres miniers toutefois selon les chasseurs la capture de cercopithèques à tête de hibou devient plus difficile et plus rare. Les 2 espèces étant terrestres, elles sont sensibles aux pièges à collet. Le cercopithèque à tête de hibou est classé à l’Annexe II de la CITES et est protégé en RDC toutefois la loi n’est pas appliquée et l’UICN recommande davantage de patrouilles dans les zones protégées. Les scientifiques estiment une baisse de 30% des populations entre 2003 et 2033.


Le lesula n’est pas inscrit spécifiquement à la CITES et n’est protégé qu’au niveau régional. Le gouvernement n’a pas toujours pas classé cette espèce comme “protégée”. De plus son aire de répartition reste limitée, 16 000km2 au total. Seulement 20% de cette aire est protégée alors que l’estimation de sa population serait de 10 000 individus.



Une conservation qui reste limitée


La mise en place d’actions de conservation in-situ reste difficile au vu de la situation du pays. Le cercopithèque à tête de hibou se reproduit dans la réserve faunique d’Okapi. Le primate restant méconnu peut bénéficier à terme, des actions de conservation pour ces espèces parapluies.

Il existe une population captive dans les zoos européens et américains. Un programme de reproduction en Europe (EEP) est coordonné par le zoo de Leipzig et implique 8 institutions.

Il n’existe pas d’action de conservation spécifique pour le lesula.



Références:

UICN


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