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Julie Lefebvre

Trafic d’animaux sauvages : zoom sur l’opération Thunderball


Défenses d’éléphants saisies lors d’un contrôle routier au Kenya

Défenses d’éléphants saisies lors d’un contrôle routier au Kenya ©️Interpol

Les faits

En juin dernier, Interpol (Organisation internationale de Police criminelle) a mis en place une opération d’ampleur mondiale avec l’aide de l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) ciblant les trafiquants d’animaux sauvages. Cette opération, nommée « Opération Thunderball » est basée à Singapour mais effective dans 111 pays, comme l’Inde, l’Italie, l’Espagne ou encore le Royaume-Uni. Elle est considérée comme l'une des trois plus grosses opérations anti-trafic menée par ces organisations. Les 2 autres sont celles ayant eu lieu en 2017 et 2018.

Camions, bateaux, conteneurs et avions ont alors étés contrôlés dans chacun de ces pays, afin de remonter la piste de dizaines de filières de commerce illégal d’animaux sauvages.

Mais avant d’en arriver à l’étape des saisies et des arrestations, il aura fallu à Interpol ainsi qu’à l’OMD plusieurs mois d’investigations sur le marché noir. Principalement en ligne, afin de remonter la piste des trafiquants et ainsi pouvoir préparer le plus soigneusement possible leur intervention.

Crocodile saisi aux douanes américaines

Crocodile saisi aux douanes américaines ©️OMD

L’intervention en quelques chiffres

Cet énorme coup de filet aura ainsi permi aux autorités d’appréhender 582 trafiquants et des millions de dollars de marchandises d’origines animales et végétales.

C’est au total:

  • 2550 m3 de bois exotique

  • 2600 plantes protégées

  • Une demi-tonne de marchandises en ivoire

  • 440 défenses d’éléphant

  • 23 Primates (dont une dizaine de Capucins)

  • 30 Fauves (La majorité d’entre eux étant de jeunes individus pas encore ou à peine sevrés)

  • 4300 oiseaux (dont 1850 rien qu’en Italie)

  • 10 000 animaux marins (Dauphins, Requins, Hippocampes, Coraux, etc…)

  • 10 000 Tortues

  • Plus de 1500 reptiles

  • Une demi-tonne d’écailles de Pangolin (Rappelons que le Pangolin est l’un des animaux les plus braconnés du monde, notamment à cause de la médecine traditionnelle asiatique qui attribue de nombreux effets bénéfiques aux médicaments fabriqués à partir de ses écailles)

Les animaux encore vivants lors de la phase de saisie par les douanes ont passés des examens vétérinaires et sont restés un long moment en quarantaine afin d’être correctement soignés, inventoriés et identifiés. Une fois la phase de soins intensifs et d’observations terminée, chacun d’entre eux ont été confiés à des institutions compétentes (associations, fondations, centres de réhabilitation et structures zoologiques) pour se rétablir complètement en bénéficiant de soins et structures adaptées. L’objectif actuel est de tenter de relâcher un maximum d’individus dans leur milieu naturel (pour ceux ayant étés prélevés directement dans la nature). La plupart d’entre eux ne pourra jamais regagner la nature à cause de séquelles mentales et/ou physiques irréversibles ou ils sont nés en captivité et ne seraient pas capable de se débrouiller seuls. Le processus de réhabilitation sera très long.

Qu’est-ce que le trafic animalier ?

Le trafic d’animaux sauvages et domestiques occupe malheureusement le podium des trafics les plus lucratifs. En effet, il se situe à la 3ème place, juste derrière le trafic d’armes et de drogue.

Il regroupe le trafic d’animaux vivants, mais aussi celui de parties animales, comme les défenses d’éléphants et de rhinocéros, les organes, peaux, os, etc… Et, pour mener à bien ce commerce illégal, les trafiquants, que l’on nomme aussi des braconniers, redoublent d’imagination, bien que celle-ci soit très souvent invivable pour les animaux concernés. Par exemple, fin Mai 2010, des douaniers de Guyane interpellent un homme Néerlandais à l’aéroport car ils le soupçonne de trafic d’espèces animales protégées. Lors de la fouille corporelle, c’est avec stupeur que 16 colibris vivants ont étés retrouvés accrochés à l’intérieur de son short. Un passager à l’aéroport de Tunis a également été arrêté pour trafic d’animaux sauvages lorsque les douaniers ont découverts 2 tortues scotchées sous ses aisselles, et une troisième scotchée entre ses jambes. Les 3 tortues étaient bien évidemment une espèce interdite de commerce.

4 100 Tortues de Horsfield ont été découvertes entassées dans un conteneur en provenance du Kazakhstan

4 100 Tortues de Horsfield ont été découvertes entassées dans un conteneur en provenance du Kazakhstan ©️Interpol

Lors des transports de plus grande envergure et pour gagner en place, les trafiquants n’hésitent pas à entasser les animaux dans de minuscules espaces, causant la mort de plus d’un tiers d’entre eux avant la fin de leur trajet. Les survivants devront quand à eux, vivre au milieu des cadavres de leurs congénères, sans eau ni nourriture pour la plupart, et finiront, pour la majorité d’entre eux, en tant qu’animaux de compagnie chez des particuliers souvent peu scrupuleux. Les autres rejoindront sans doute des élevages clandestins dans d’autres pays, et une infime partie d’entre eux seront recueillis un jour grâce à des saisies policières, bien souvent dans un piètre état.

Comment endiguer le trafic ?

Pour tenter de réduire le trafic d’animaux, qui ne cesse d’augmenter depuis quelques années, plusieurs solutions s’offrent à nous:

  • Nous pouvons, lors de nos voyages dans d’autres pays, refuser toute activité non encadrée et d’apparence douteuse avec des animaux (nager dans une piscine avec des bébés tigres, prendre des photos avec des Primates déguisés ou drogués, des félins drogués, balades à dos d’éléphant, etc... ). Dans de nombreux pays, des centres de soins, de réhabilitation ou des sanctuaires sont visitables dans lesquels les animaux ne sont ni maltraités, ni forcés à faire quoi que ce soit. Ils reçoivent des soins nécessaires, une bonne alimentation en quantité suffisante et chaque bénéfice est utilisé à des fins conservatoires (achat de parcelles de forêts pour les protéger, achat de nourriture, d’équipements, amélioration des structures, etc…).

  • Lors de nos voyages dans des pays étrangers, ou même à certains endroits dans notre propre pays, refuser d’acheter des “souvenirs vivants” (Portes-clés avec des tortues vivantes à l’intérieur par exemple) ou des souvenirs fabriqués à partir d’espèces menacées (bijoux en ivoire, peaux d’animaux, vêtements en fourrure ou peaux animales, ou encore des animaux vivants). Il suffit, lors de l’achat de vêtements, de médicaments, de produits de soins ou de beauté par exemple, de lire la composition des produits, et de demander de plus amples informations si jamais l’étiquette ou la boutique semble douteuse.

  • Enfin, l’écotourisme est aussi une bonne alternative afin de s’assurer que l’on ne contribue pas (même inconsciemment) au trafic animal, car celui-ci est tourné vers des institutions certifiées et très souvent œuvrant pour la protection des espèces animales et/ou végétales.

  • Pour ce qui est de l’achat d’animaux vivants, il faut tout d’abord éviter d’acheter un animal en tant que souvenir dans un autre pays, car celui-ci est probablement issu du trafic, et son commerce et sa détention interdit ou strictement réglementé. Ramener un animal de cette façon est considéré comme du braconnage et acheter un animal au marché noir, même pour de bonnes raisons (pour le placer ensuite dans un centre de soins ou de protection par exemple) peut être considéré comme du trafic. Cet acte finance néanmoins cette pratique, puisque l’argent déboursé pour acheter l’animal servira à financer l’achat de matériel pour la capture de nouveaux animaux.

Références :

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