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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Evolution, menaces et conservation des giraffidés


Girafe masaï (Giraffa tippelskirchi) et okapi (Okapia johnstoni)

Girafe masaï (Giraffa tippelskirchi) et okapi (Okapia johnstoni) ©Nicolas Barcel ©Thibaut Pilatte



Les espèces actuelles


Les giraffidés comprennent environ une trentaine d’espèces. Seules 5 subsistent aujourd’hui, l’okapi (Okapia johnstoni), la girafe masaï (Giraffa tippelskirchi), la girafe du Nord (Giraffa camelopardalis), la girafe réticulé (Giraffa reticulata) et la girafe du Sud (Giraffa giraffa).

Jusqu’à récemment 1 seule espèce avec 9 sous-espèces étaient reconnues. Plusieurs études publiées à partir de 2016 ont démontré le contraire et la plupart des institutions utilisent aujourd’hui cette classification.


Girafe masaï (Giraffa tippelskirchi), la girafe du Nord (Giraffa camelopardalis), la girafe réticulé (Giraffa reticulata) et la girafe du Sud (Giraffa giraffa) ©Allan Hopkins ©congonaturalist ©Julian Masson ©Benjamin Hollis



Bien qu’ils soient de la même famille, les girafes et l’okapi sont très différents. Ils ont divergé il y a 11,5 millions d’années.

Les girafes vivent dans les savanes ouvertes en groupes contrairement à l’okapi, ce qui représente des avantages comme se protéger des prédateurs, connaître les emplacements de nourriture et avoir des opportunités d’accouplement. Toutefois, cette évolution a aussi des inconvénients comme l’exposition aux maladies, la concurrence pour les ressources et l’agressivité entre les individus. Chaque individu possède un motif de tache unique et permet de se différencier les uns des autres. Contrairement à l’okapi, les girafes possèdent une excellente vue, elles ont en effet besoin de voir loin étant donné qu’elles vivent dans un milieu ouvert.


L’okapi est une espèce découverte sur le tard, en 1901 seulement ! Il a longtemps été considéré comme un cousin du zèbre avec son pelage rayé au niveau de l’arrière train. Ces rayures lui permettent de se camoufler dans les faisceaux de lumière au sein de la végétation.

C’est un animal diurne et de nature discrète. Il partage pratiquement le même régime alimentaire à savoir des feuilles. Tout comme sa cousine, il possède une longue langue lui permettant d’arracher les feuilles des branches. Endémique des forêts denses de la République Démocratique du Congo, il vit entre 450 et 1500 mètres d’altitude.



Une découverte qui remet en cause l’évolution des girafes


Peut-être en avez vous entendu parler tellement cette découverte a fait du bruit et jeté un flou sur les connaissances acquises sur les girafes. Début juin 2022, une étude est publiée sur la découverte d’une nouvelle espèce de giraffidé, baptisée Discokeryx xiezhi. Elle parcourait les plaines de Chine il y a près de 17 millions d’années. De la taille d’un cerf, elle avait la particularité d’avoir un important disque osseux au sommet du crâne. Selon l’étude, ce brouteur d’herbe utilisait ce disque pour les combats.

Jusqu’à présent, l’hypothèse la plus plausible sur le fait que les girafes ont un long cou, était simplement que c’était pour accéder aux branches des arbres et ainsi occuper une niche écologique. Les auteurs de l'étude émettent l’hypothèse que les combats pourraient être le facteur de l’allongement du cou de la girafe.

Discokeryx xiezhi

Discokeryx xiezhi ©Xiaocong Guo


En 2017, une espèce de giraffidé avait également été découverte. Decennatherium rex vivait en Espagne il y a 9 millions d’années. Il mesurait 2 m au garrot et 2,8 avec les ossicônes. C’était le premier à posséder des ossicônes, il s’agit de structures ossifiées recouvertes de poils et de peau, situées au sommet du crâne. Chez les giraffidés, 2 groupes sont distingués, les sivathères qui ont le cou court et les samothères qui possèdent ces fameuses ossicônes. Decennatherium rex marque donc la divergence entre les 2 groupes.



Le mystère des ossicônes


Ces ossicônes sont présents chez les girafes actuelles et les mâles okapis. Toutefois, la raison exacte reste floue et on ne sait pas pourquoi les femelles okapis n’en possèdent pas. L’hypothèse la plus retenue est qu’elle permet de se défendre en donnant plus de puissance aux coups de têtes. Les girafes mâles peuvent avoir un dépôt de calcium au-dessus des yeux qui peut donner l’impression d’un 3ème ossicône.

Autre mystère, on ne sait toujours pas pourquoi la langue de la girafe est bleue. Une hypothèse retenue était que c’était pour éviter que les girafes attrapent des coups de soleil sur la langue mais cette version a pris du plomb dans l’aile. L’okapi possède aussi cette langue bleue alors qu’il vit dans la forêt tropicale dense, un endroit où il est rare que les rayons UV atteignent le sol.

Girafes masaï (Giraffa tippelskirchi)

Girafes masaï (Giraffa tippelskirchi) ©Sergey Yeliseev



Menaces et conservation des girafes


La nouvelle classification n’étant pas reconnue pour le moment par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), il est difficile de situer chaque espèce de girafes. Globalement, elles ont subi une baisse de 30% ces 30 dernières années. Elles ont déjà disparu de 7 pays d’Afrique. Le braconnage, les conflits avec l’Homme, la désertification et la sécheresse sont les principales menaces.

Plusieurs programmes de conservation militent aujourd’hui pour la sauvegarde des girafes. Le Giraffe Conservation Foundation (GCF) vise à sécuriser et à augmenter le nombre de girafes en tentant de réduire les conflits avec l’Homme et le braconnage. Des patrouilles sont alors effectuées pour protéger les ruminants ainsi que de nombreuses actions de sensibilisation.

L’Association pour la Sauvegarde de la Girafe du Niger (ASGN) favorise la cohabitation avec la girafe en créant un développement économique durable. L’association propose des microcrédits ainsi qu’une intervention des villageois dans la sauvegarde de la girafe d’Afrique de l’Ouest (Giraffa camelopardalis peralta). Il s’agit de la sous-espèce de girafe la plus menacée avec 600 individus en 2019. Les efforts de conservation semblent avoir porté leurs fruits puisqu’il n’en restait que 49 en 1996 ! Un programme largement soutenu par le Bioparc de Doué la Fontaine en France.


Okapi (Okapia johnstoni)

Okapi (Okapia johnstoni) ©Melvin Toullec



Menaces et conservation de l’okapi


L’okapi est dans une situation critique. L’espèce est classée “en danger” et sa population a chuté de 50% ces 24 dernières années bien qu’elle soit difficile à être évaluée. La chasse pour sa viande et sa peau, les groupes armés et les activités humaines telle que l’exploitation minière menacent l’okapi. Pourtant, il est protégé en République Démocratique du Congo. C’est un symbole national que l’on retrouve sur les billets de banque.

L’Okapi Conservation Project (OCP) est le principal programme de conservation autour de l’espèce.

La protection de son habitat naturel et le développement économique durable des autochtones sont les principales missions de l’OCP. Il coordonne également la Réserve de Faune à okapis, un centre d’élevage à Epulu. Malheureusement en 2012, un braconnier aidé par un groupe armé attaque la station. Le bilan est catastrophique. 7 personnes et 15 okapis sont ainsi tués. Un bilan qui rappelle la situation dangereuse des militants dans cette partie du globe. En atteste l'assassinat de la célèbre Diane Fossey en 1985, dans le parc national des Virunga au Rwanda à la frontière congolaise.

Il existe des programmes d’élevage en captivité pour l’okapi, 175 individus sont recensés dans Le Monde. Toutes ces institutions participent financièrement au fonctionnement de l’OCP, ce qui représente ⅓ de son budget !



Références :




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