Le retour progressif de l'ibis chauve
- Emeline Sinoquet
- 28 mars
- 3 min de lecture

Ibis chauve (Geronticus Eremita) ©Paolo Zucca
Présentation de l’espèce
L’ibis chauve (Geronticus Eremita) se reconnaît par un plumage noir et présentant des reflets verts et violets au soleil. Les couples sont monogames, le mâle seul construit le nid à base de feuilles séchées, de brindilles et parfois même de boue. C’est entre Mars et Avril que la femelle y dépose alors 2 à 4 oeufs et le couple va les couver tour à tour durant 24 à 25 jours. Les jeunes se distinguent des adultes par leur tête, pourvue de petites plumes grisâtres, qu’ils perdent peu à peu au fur et à mesure de leur mue. Une fois matures sexuellement, vers l’âge de 3 à 5 ans, ils arborent le crâne chauve à qui l’espèce doit son nom. L’espérance de vie de l’ibis chauve s’étend de 10 à 15 ans dans le milieu naturel et de 20 à 25 ans en captivité, un individu ayant tout de même atteint l’âge de 37 ans.
Loin d’être solitaire, l’ibis chauve est même plutôt grégaire et vit sa période de reproduction en colonie, allant parfois jusqu’à 40 couples. La reproduction se fait sur des falaises ou des zones rocheuses, historiquement on pouvait aussi retrouver les couples d’ibis chauves sur les châteaux et les ruines. Une fois l’incubation faite et les oisillons capables de voler, ils partent en migration et se dispersent en Août. C’est dans les zones humides ou les bandes sablonneuses de bord de mer qu’ils cherchent leur nourriture, composée d’arachnides, escargots, vers de terre, poissons, serpents, petits rongeurs, oisillons mais aussi lentilles d’eau, baies et plantes aquatiques.

Ibis chauve (Geronticus Eremita) ©Christoph Moning
Une espèces menacée
L’ibis chauve est une espèce en danger, classée CR ( en danger critique) jusqu’à 2018, elle est maintenant descendue EN (en danger).
En déclin depuis longtemps, l’ibis chauve avait une aire de répartition s’étendant de l’Afrique du Nord au Moyen Orient. En 2002, une colonie de 7 individus est découverte en Syrie, mais cette population décline vite, puisqu’en 2013 il ne restait qu’un individu, puis finalement plus aucun, on le considère ainsi comme éteint dans ce pays. Désormais, 95% de la population sauvage dépend d’une population au Maroc, mais aussi d’une population semi-captive en Turquie. Ses principales menaces sont la chasse, le surpâturage, la collecte de bois, l’empoisonnement aux pesticides, les pylônes électriques mais aussi une disparition progressive de sa nourriture.
Une population qui s’améliore
De nombreux programmes d’élevage voient le jour. L’un d’eux se trouvait au Nord-est du Maroc, avec des oiseaux provenant majoritairement d’établissement zoologique. Malheureusement, en 2006, ce centre ferme et voit sa population transférée au zoo de Rabat. Toutefois, les programmes continuent de voir le jour, dorénavant des tests de réintroduction ont même lieu en Allemagne, Espagne et Italie. Afin d’aider les ibis chauves dans leur migration, l’Allemagne utilise le vol en ULM pour diriger les oiseaux, ce qui permit de réintroduire 2 populations dans les Alpes Allemandes ainsi qu’en Autriche. Avec un même procédé de migration dirigée par l’Homme, c’est également 30 oiseaux qui sont entraînés en Toscanie. Grâce à cette technique, ce sont 190 ibis chauves qui retrouvent le milieu naturel en Espagne entre 2004 et 2009, avec une première reproduction en 2008, une première depuis 500 ans ! Malgré cela, il faut attendre 2011 pour que le premier oiseau migre naturellement, donc sans intervention humaine.
Également, suite à ces programmes, on observe une hausse de la population sauvage au Maroc: de 300 individus en 1995, la population augmente, passant de 59 couples en 1994 à finalement prêt de 524 oiseaux pour 115 couples !

Ibis chauve (Geronticus Eremita) ©Levente Pribeli
De nos jours :
Plus récemment, l’ibis chauve retrouve ses marques dans le milieu naturel. En 2023, un couple s'établit sur le rebord de fenêtre d’un concessionnaire de motos en Suisse, près de l’aéroport de Zurich.
En Italie, des nichées sont observées là où l'ibis chauve avait disparu depuis le XV ème siècle. Et même en France, ce 4 Octobre 2024, les Pyrénées Orientales ont accueilli l’espace de quelques jours 4 ibis chauves, potentiellement en pleine migration, une première depuis 300 ans !
Références :
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