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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

FAQ sur les chauves-souris

Grand murin (Myotis myotis)

Grand murin (Myotis myotis) ©Rémi Bigonneau

Une chauve-souris c’est quoi ?

Chauve-souris est le nom commun donné pour désigner les représentants de l’ordre des chiroptères, signifiant “mains ailées“ en latin. Ce sont les seuls mammifères qui peuvent véritablement voler. Il existe environ 1400 espèces de chauves-souris dans le monde, soit 25% de tous les mammifères. La France n’est pas en reste puisque l’hexagone en abrite 34 espèces, et elles y sont protégées depuis 1976.

Les chauves-souris attaquent-elles l’Homme ?

On a déjà tous entendu ces mythes : des chauves-souris suceuses de sang ou des espèces exotiques tellement grandes qu’elles emporteraient des êtres humains. Pour commencer, aucune espèce européenne n’attaque l’Homme sauf si elle est infectée par la rage. Il est donc fortement déconseillé de manipuler une chauve-souris. Si vous en trouvez-une blessée, appelez un centre de soins en premier lieu.

Certaines espèces sont effectivement suceuses de sang. Il s’agit du vampire commun (Desmodus rotundus), du vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata) et du vampire à ailes blanches (Diaemus youngi). Seulement voilà, ces espèces présentes uniquement en Amérique du Sud ne font en général que 9 cm et ne prennent que quelques gouttes de sang. On est donc loin du dracula volant. Ces vampires miniatures s’attaquent principalement au bétail et aux oiseaux. Le seul danger qu’ils présentent est la transmission de maladies.

Vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata)

Vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata) au Guatemala ©Rémi Bigonneau

Quelles sont les bénéfices écologiques des chauves-souris ?

Les chauves-souris occupent une niche écologique. La plupart des espèces sont nocturnes et n’ont pas la concurrence des oiseaux insectivores et frugivores avec lesquels elles partagent le même régime alimentaire. Les chauves-souris sont de formidables pollinisateurs nocturnes. Chaque nuit, une chauve-souris peut manger 50% de son poids en moustiques et en autres insectes.

La Floride, particulièrement ravagée par les moustiques avec ses zones humides, a décidé de construire une “Bat House”, une grande installation pour héberger des chauves-souris. En 1998, 70 000 de ces petits mammifères y étaient hébergé, ils dévoraient 60 millions d’insectes et de moustiques par nuit. Cet équilibre a permis l’arrêt de l’utilisation de pesticides et ainsi l’expansion d’espèces fortes de la chaîne alimentaire tels que les rapaces. En France des programmes similaires existent, et l’expansion du moustique-tigre (Aedes albopictus) pourrait encore accélérer les choses.

Bat House en Floride ©Tim Ross

Les chauves-souris représentent-elles vraiment un danger sanitaire ?

En France, il semblerait que l’espèce soit sensible à la rage mais ne soit pas un danger sanitaire pour autant. Au niveau mondial les chauve-souris jouent un rôle écoépidémiologique indispensable, c’est-à-dire qu’elles sont des réservoirs de virus qui vont réguler les autres espèces. 200 virus ont été répertoriés chez ces mammifères, parfois porteurs sans avoir de symptômes. Toutefois, il faut remettre en place le contexte : nous parlons de 1400 espèces répandues dans le monde entier. Certaines espèces peuvent transmettre des virus malheureusement mondialement connus comme Ebola ou certains coronavirus.

Au départ accusées de l’expansion du Covid-19, il semblerait finalement que cela viendrait d’une autre espèce. Au Pérou, le gouvernement a réussi à sauver 200 chauves-souris condamnées au bûcher par les habitats en représailles au Covid-19. On le répète : il ne faut pas toucher une chauve-souris même blessée.

Est-il possible de voir une chauve-souris de jour ?

La plupart des espèces sont nocturnes. Toutefois, la roussette des Seychelles (Pteropus seychellensis) est diurne. Frugivore et insectivore, ce petit mastodonte des airs (1,40m d’envergure) est facilement reconnaissable. Il est également possible d’observer des chauves-souris en repos durant la journée : c’est le cas du nasin des rivières (Rhynchonycteris naso), visible sur les troncs au dessus des rivières en Amazonie.

Nasin des rivières (Rhynchonycteris naso)

Nasin des rivières (Rhynchonycteris naso) en Equateur ©Thibaut Pilatte

Les chauves-souris sont-elles menacées ?

Les chauves-souris sont globalement menacées par l’expansion humaine. Le dérangement durant l’hibernation et la modification de son habitat en rénovant l’isolation des toitures les impactent grandement. La prédation du chat, l’utilisation de produits chimiques et le développement éolien sont d’autres facteurs importants. Selon une étude réalisée en Camargue, une éolienne tue chaque année entre 70 et 90 chauves-souris. En France de nombreuses espèces sont menacées comme le rhinolophe de Mehely (Rhinolophus meheleyi) classée “en danger critique d’extinction”.

A l’échelle mondiale, la roussette de Nouvelle-Guinée (Aproteles bulmerae), classée également “en danger critique d'extinction par l’UICN, est l’une des nombreuses espèces gravement menacées.

Est-il possible de favoriser l’installation de chauves-souris ?

Certaines localités ont décidé de lancer des travaux pour développer ses populations de chauves-souris et ainsi lutter contre l’expansion des moustiques. A notre échelle il est également possible d’agir. Si vous devez refaire l’isolation de votre toit et que vous ne voulez plus de chauves-souris dans votre toit, assurez-vous de ne pas le faire en automne et en hiver. Nous rappelons que les chauves-souris hibernent, alors détruire leur refuge serait catastrophique pour la colonie. Vous pouvez essayer de leur proposer des habitats de substitution avec des perchoirs à chauves-souris facilement trouvables en commerce. Il est impératif de ne pas utiliser de produits chimiques. La Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM) a lancé une opération baptisée “Refuge pour chauves-souris”. Vous trouverez dans le lien ci-dessous toutes les informations nécessaires pour y participer.

Les chauves-souris sont nécessaires pour maintenir un équilibre, c’est un maillon essentiel de la chaîne alimentaire et chaque colonie joue un rôle très important.

Références :

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