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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Histoire et conservation des kiwis, symboles de la Nouvelle-Zélande

Le kiwi est le nom commun pour désigner 5 espèces d’oiseaux endémiques de la Nouvelle-Zélande. Véritables symboles de l’archipel, elles sont aujourd’hui toutes menacées d’extinction.


Kiwi dOwen (Apteryx owenii)

Kiwi dOwen (Apteryx owenii) ©Kimberley Collins



Histoire et origine


Le kiwi (Apteryx sp.) est incapable de voler, ses ailes atrophiées, fossiles de l’évolution, n’ont plus d’utilité. Au contraire des autres oiseaux qui ont les os creux, le kiwi a les os remplis de moelle. Les origines des kiwis sont encore floues. L’hypothèse la plus probable est qu’un oiseau aurait atteint la Nouvelle-Zélande par l’Australie en volant il y a 50 millions d’années. Il n’y a pas de mammifères indigènes sur l’île à part des chauves-souris. Avec l’évolution, le kiwi aurait perdu la faculté de voler à l’image des moas (Dinornis sp.) que nous avions évoqué dans un précédent article.

Appelé kivi-kivi par les aborigènes, l’oiseau prend le nom de kiwi à l'arrivée des européens vers le XIIème siècle. Il devient alors le symbole national et les néo-zélandais en sont très fiers. Kiwi est alors aussi le mot utilisé pour désigner les néo-zélandais. Le mot sera aussi repris par les publicitaires pour désigner le kiwi (le fruit), originaire de Chine, initialement appelé yang tao.



Ecologie et comportement


Les kiwis sont nocturnes, ils sont difficiles à observer et peu d’études sur des sujets sauvages ont eu lieu. Ils forment des couples monogames unis pour la vie. Leur long bec permet de sonder la terre, presque aveugle, il se sert principalement du toucher et de l’odorat pour trouver sa nourriture. C’est d’ailleurs le seul oiseau au monde à avoir des narines à l'extrémité du bec. Des moustaches situées à la base du bec lui confère des sens olfactifs accrus. Son régime alimentaire se compose d’insectes, d’araignées, de fruits et de baies.

Le kiwi creuse plusieurs terriers à la fois pour la nidification et pour en faire des abris de jour. Il peut attendre que la végétation pousse avant de les utiliser. La femelle plus grosse, pond 1 à 2 oeufs, le mâle prend le relais et c’est lui qui les couve à l’aide d’une plaque incubatrice. Les oeufs de kiwis sont énormes par rapport à leur taille, si on comparait chez un être humain, c’est comme si une femme de 70 kg mettait au monde un bébé de plus de 12 kg !



Menaces, taxonomie et répartition.


Les kiwis sont menacés, comme la plupart de la faune néo-zélandaise, par l’introduction d’espèces invasives par les européens. Les chats, les chiens, les hermines (Mustela erminea) et les opossums (Trichosurus vulpecula) font des ravages sur les populations indigènes. Largement chassé pour les dégâts sur la faune sauvage, l’opossum originaire d’Australie est ensuite vendu pour sa fourrure. Un problème pour le WWF qui dénonce les intérêts économiques au profit de la biodiversité. Certains pourraient souhaiter ne pas résoudre le problème des opossums pour continuer à profiter de ce marché très juteux.

Les kiwis ne semblent pas avoir une forte productivité. Les nids sont aussi prisés par certaines espèces d’oiseaux comme le râle wéka (Gallirallus australis).

Il existe 5 espèces de kiwis.


Le kiwi d’Okarito (Apteryx rowi) : classé “vulnérable” par l’UICN, il resterait 350 à 400* individus matures. Son aire de répartition est très réduite mais les efforts de conservation semblent payer. L’espèce était classée “en danger” jusqu’à récemment.

Le kiwi de Mantell (Apteryx mantelli) : présent sur l’Île du Nord, il resterait entre 10 000 et 20 000* individus matures. L’espèce est classée “vulnérable” par l’UICN.

Le kiwi austral (Apteryx australis) : environ 20 000* individus matures, et classé “vulnérable” par l’UICN.

Le kiwi roa (Apteryx haastii) : environ 14 000* individus matures, et classé “vulnérable” par l’UICN.

Le kiwi d’Owen (Apteryx owenii) : environ 1 400* individus matures, et classé “quasi-menacé” par l’UICN.

Carte de répartition des kiwis avec les données de l'UICN



Conservation


Plusieurs actions de conservation ont été mises en place pour protéger cet animal symbolique de Nouvelle-Zélande. Kiwis for kiwi a construit un grand centre d’incubation qui peut accueillir jusqu’à 200 nouveaux-nés. Les petits, une fois autonomes, sont relâchés à l’abri des espèces invasives dans un sanctuaire, le Sanctuary Moutain Maungatautari. Il existe de nombreux projets de translocations dans l’objectif de constituer des populations sous l’opération Nest Eggs. De nombreux parcs et sanctuaires y participent. A l’avenir, les objectifs sont de maintenir des populations de bonne qualité génétique, d’évaluer le faible taux de reproduction des kiwis, de clarifier la taxonomie et de les protéger des espèces invasives.

Il existe également un programme d’élevage en captivité. Le kiwi de Mantell (Apteryx mantelli) est le plus représenté, 14 institutions néo-zélandaises en hébergent, on le trouve aussi aux USA et dans 7 zoos en Europe. Tous ces kiwis font partie d’un programme de reproduction international coordonné par Tood Jenkinson qui travaille au Kiwi Birdlife Park. La reproduction en captivité semble difficile, peut-être que des programmes destinés à des espèces davantage menacées verront le jour lorsque la productivité en captivité sera plus importante.


*Données de l’UICN



Références

David Burnie, Vie Sauvage - Flammarion

JA, McLennan & MR, Rudge & Potter, Murray. (1987). Range size and denning behavior of Brown Kiwi, Apteryx australis mantelli, in Hawke's Bay, New Zealand. New Zealand Journal of Ecology. 10. 97-107.

https://www.researchgate.net/publication/236030553_Range_size_and_denning_behavior_of_Brown_Kiwi_Apteryx_australis_mantelli_in_Hawke's_Bay_New_Zealand/citation/download


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