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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

L'Ara de Spix, espèce disparue, retrouve la nature au Brésil


Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)

Ara de Spix (Cyanopsitta spixii) ©ACTP


L’ara de Spix (Cyanopsitta spixii), son nom est bien souvent méconnu, pourtant un grand nombre d’entre nous le connaisse. En effet, il s’agit du ara dans le film d’animation Rio. Finalement, l’histoire de “Blu” est malheureusement proche de la réalité puisque l’espèce est annoncée éteinte en milieu naturel en 2018. Mais depuis juin 2022, l’ara de Spix a fait son grand retour au Brésil. Voici son incroyable histoire.



Habitat et écologie


L’ara de Spix est un ara de taille moyenne. Il pèse entre 300 et 400 g pour une envergure de 64 cm. Bien que souvent confondu avec les autres espèces d’aras bleus, il est reconnaissable par son plumage bleu-cyan qui s’éclaircit au niveau de la tête. Il est endémique du Brésil et vit dans l’Etat de Bahia, dans une écorégion appelée Caatinga. Située au Nord-Est du Brésil, cette région aride est composée de forêts sèches avec de petits arbustes et buissons. L’aire de répartition historique du ara de Spix est proche du fleuve San Francisco. L’espèce est dépendante de la présente de carabeira (Tabebuia caraiba), un arbre qui fournit nourriture et abris pour les aras. En effet, ils nichent dans les cavités des troncs.


Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)

Groupe d’aras de Spix (Cyanopsitta spixii) en captivité ©ACTP



Une extinction progressive


L’ara de Spix est classé “menacé” dès 1988. En 1994, son statut est révisé et il passe dans la catégorie “en danger critique d’extinction”. Les principales menaces sont la disparition de son habitat. En effet, on considère que plus de 50% de la Caatinga a disparu ou été modifiée. Le réchauffement climatique, la chasse et le piégeage pour le vendre comme animal de compagnie sont les autres menaces bien qu’il soit officiellement protégé. De plus, l’introduction d’abeilles africaines aurait bouleversé son écosystème. Toutes ces menaces font que l’ara de Spix est de plus en plus rare et le dernier individu sauvage est observé en 2000. En 2018, la triste nouvelle tombe, l’oiseau est officiellement déclaré éteint à l’état naturel.


Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)

Groupe d’aras de Spix (Cyanopsitta spixii) en captivité ©ACTP




La mise en place d’un élevage conservatoire


Alors que le nombre d’individus en captivité chute drastiquement face à l’absence de coordination dans l’élevage (53 en 2000), le Sheikh Saoud Bin Mohammed Bin Ali Thani rassemble des aras de Spix issus de particulier au sein du centre d’élevage d’espèces menacées AWWP (Al Wabra Wildlife Preservation) au Qatar. A Berlin, l’ACTP (Association for the Conservation of Threatened Parrots) commence également à élever ces aras. En 2012, l’ICMBio (Institute for the Conservation of Biodiversity) lance un plan national d’action afin d'augmenter la population captive, protéger l’habitat et promouvoir la réintroduction du ara de Spix. Ils sont alors réunis à Berlin et l’ACTP débute alors la pratique d’insémination artificielle. En 2015, plus de 100 aras sont recensés en captivité. Aujourd'hui, il existe 2 autres sites de reproduction en plus de l’ACTP, un centre créé au Brésil en 2019 et Pairi Daiza, un parc animalier belge avec un élevage débuté en 2020. En 2020, la population captive est de 180 aras et continue d’augmenter d’année en année.


Ara de Spix (Cyanopsitta spixii)

Volière de réhabilitation ©ACTP



Le retour du ara de Spix


Suite au plan national d’action, une partie de la Caatinga est protégée et restaurée depuis 2018 en attendant le retour du ara. La végétation été protégée des pâturages et les espèces végétales invasives éliminées. Les populations locales ont également été sensibilisées.

Le 3 mars 2020, 52 aras s’envolent pour le Brésil pour être intégrés au programme de réhabilitation. L’apprentissage est long et difficile, les aras doivent reconnaître les prédateurs. Des fauconniers font alors voler des rapaces autour des cages. De longues volières sont utilisées pour que les oiseaux se musclent les ailes. Pour faciliter l’apprentissage, les aras de Spix sont en cohabitation avec des aras d’Illiger (Primolius maracana). Le 11 juin 2022, 8 aras sont relâchés dans une zone de 45 hectares protégés. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le groupe se porte bien , en espérant que l’ara de Spix puisse bientôt retrouver son territoire d’antan.


Un grand merci à l'ACTP pour l'utilisation des photos !



Références :



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