Le lézard crocodile de Chine (Shinisaurus crocodilurus) est un reptile endémique du Vietnam et de Chine. Atypique par son physique, il est l’unique représentant de la famille des Shinisauridés. Aujourd’hui l’espèce est au bord de l’extinction à cause de la transformation de son habitat et des persécutions directes de l’Homme.
Lézard crocodile de Chine (Shinisaurus crocodilurus) ©Spacebirdy
Un reptile semi-aquatique étonnant
Le lézard crocodile de Chine mesure 45 cm. C’est un reptile diurne, il vit le jour.
Son habitat est très spécifique. On le retrouve de faible à moyenne altitude, de 200 à 1500m dans les forêts de feuillus. Semi-aquatique, il aime les ruisseaux rocheux, adaptés à son mode de vie. Il se nourrit de poissons, de têtards, d’insectes et de crustacés. Il hiberne entre mars et novembre dans des crevasses.
Ce saurien est solitaire. La femelle met au monde entre 2 et 12 petits après 9 mois de gestation. Ceci s’explique par le fait que le lézard crocodile est ovipare ! Il ne pond pas d’oeufs, les petits naissent déjà formés.
Des populations en grande souffrance
Plusieurs études ont été réalisées pour estimer le nombre d’individus dans la nature. En 1978, le nombre de 6 000 lézards était annoncé. En 2004, une estimation de 950 lézards en Chine est réalisée. Bien que la population mondiale avec la population vietnamienne soit inconnue, les scientifiques ont calculé une baisse de 84 % du nombre d’individus en 30 ans.
Les sous-populations sont connues pour être fragmentées. Ceci a pour conséquence un embouteillage génétique appelé bottleneck. Un affaiblissement du patrimoine génétique peut alors apparaître. La plus grande sous-population comporte 350 lézards et la plus petite seulement 10 ! Certaines ont même déjà disparu.
Selon certains, l’espèce est aujourd'hui en dessous du seuil de population viable. Elle est classée “en danger” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Lézard crocodile de Chine (Shinisaurus crocodilurus) ©Winfried
Un habitat menacé
L’une des raisons de cette baisse du nombre de lézards est la transformation et la perte de son habitat. Au Vietnam, malgré des mesures de protection de l’environnement, elles ne sont pas appliquées. L’exploitation forestière illégale est très importante dans le pays et menace une grande partie de sa biodiversité. La pollution des cours d’eau fragilise le milieu et impacte les lézards.
Des persécutions directes très importantes
L’impact de de l’Homme sur l’espèce est réel. Les juvéniles, sont d’abords menacés par la pêche électrique et les empoisonnements. Pratiques fréquentes dans ces pays.
L’espèce est fortement chassée pour la médecine traditionnelle. La consommation de ce reptile “aurait pour effet de lutter contre les insomnies”. Dans une étude réalisée dans un village, 72% des hommes chassaient le lézard crocodile de Chine.
Autre fléau, le commerce illégal. Victime de ses couleurs et de son profil atypique, la capture illégale de ces lézards est très importante. Entre 1990 et 2012, 642 reptiles ont été exportés mais ce chiffre est probablement bien plus élevé. La demande ne cesse de croître, bien que l’espèce soit classée à l’Annexe II de la CITES (texte qui régit le commerce et l’exportation d’animaux dans le Monde). Son prix varie entre 800 et 1500$. En France, il faut avoir un certificat de capacité pour en détenir. Une méthode pour diminuer la demande et professionnaliser son élevage.
Conservation
L’UICN préconise aujourd’hui de classer l’espèce en Annexe I de la CITES afin de réduire le trafic. Un élevage en captivité de grande envergure permettant des réintroductions et renforçant les populations sauvages est recommandé. Au Vietnam, le gouvernement réfléchit à prendre des mesures spécifiques pour l’espèce mais elles sont souvent peu respectées (voir notre article sur les doucs).
L’espèce est assez présente dans les zoos. plusieurs institutions en accueillent en Europe. Aux USA, elle fait même l’objet d’un stud book et d’un programme d’élevage (similaire aux EEP en Europe). En 2007, 127 lézards crocodiles étaient inscrits sur ce registre.
Références :
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