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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

La pirolle à queue courte, ambassadeur des oiseaux chanteurs menacés d'Asie


pirolle à queue courte (Cissa thalassina)

Pirolle à queue courte (Cissa thalassina) ©Václav Šilha


La pirolle à queue courte (Cissa thalassina) est une espèce d’Asie du Sud-Est. Comme de nombreuses espèces d’oiseaux de cette région, elle est victime du trafic d’animaux de compagnie. Sa population a chuté et l’espèce est aujourd’hui proche de l’extinction. Toutefois, un élevage conservatoire en captivité semble fonctionner.



Taxonomie et aire de répartition


La pirolle à queue courte est de la famille des corvidés. Comme la plupart de ses cousins, elle est capable de mimétisme. Elle peut imiter le son d’autres animaux. Elle est observée pour la première fois par le zoologiste néerlandais Temminck en 1826. Sa classification restait controversée jusqu’à une étude en 2011. Il s’agit d’une espèce monotypique, c'est-à-dire sans sous-espèce. Il existe 3 autres espèces du même genre, elles sont assez similaires et les différences physiques ne sont pas simples à observer.

  • Cissa hypoleuca (2 sous-espèces) : Vietnam, Laos, Cambodge, Thaïlande

  • Cissa chinensis : Laos, Birmanie, Vietnam, Cambodge, Chine, Népal, Thaïlande, Malaisie, Indonésie

  • Cissa jefferyi : nord de Bornéo

C. hypoleuca, Cissa chinensis, Cissa jefferyi ©inconnu, Gregoire Dubois et Hiyashi Haka


La pirolle à queue courte est endémique de la partie Ouest de Java, en Indonésie. On la retrouve dans des forêts de montagne entre 500 et 2 000 mètres d’altitude.



Menaces


Cissa thalassina a vu sa population diminuer très rapidement. En effet, l’espèce a perdu plus de 80% de ses effectifs entre 1990 et 2010. Aujourd’hui elle est classée “en danger critique d’extinction” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Bien sûr, comme de nombreuses espèces, la perte de son habitat est l’une des menaces majeures. L’expansion agricole, les exploitations forestières et les exploitations minières fragmentent les forêts javanaises.

Mais la menace principale pour cette espèce est le piégeage pour le commerce des oiseaux chanteurs. Culturellement, les javanais sont très attirés par les oiseaux. Une devise dit même que le but de sa vie est d’avoir un travail, une maison, un cheval (maintenant une voiture), une femme et un oiseau.

Les oiseaux chanteurs sont très prisés en Asie du Sud-Est et se retrouvent fréquemment en vente libre sur les marchés. 320 pirolles à queue courte sont autorisées à l’exportation en 1989. C’est le début du trafic. Rapidement, l'offre ne suit plus la demande et aujourd’hui cet oiseau a quasiment disparu des marchés du fait de sa rareté. Son prix est élevé car la demande reste forte.

Rare et difficile à observer, l’espèce compterait à l’état sauvage entre 50 et 250 individus. Des suivis et études doivent être réalisés pour tenter de sauver cette espèce au bord de l’extinction.



Conservation


Un important travail de conservation à l’échelle internationale existe. 8 pirolles à queue courte sont confisquées par les autorités et confiées au Cikananga Conservation Breeding Center (CCBC). Le centre commence alors un élevage en captivité. Le premier oisillon naît en 2013, et rapidement d’autres suivent. Le Zoo de Chester coordonne l'élevage européen en captivité (EEP), le CCBC et le Taman Safari en Indonésie y sont également inclus. Si pour le moment aucune réintroduction n’est prévue, le but annoncé par l’EEP est de maintenir 90% de la diversité génétique et de constituer une population de sauvegarde. L'objectif était dans un premier temps d’atteindre 100 oiseaux. Objectif atteint puisque 103 pirolles à queue courte sont inscrites sur la base de données Zims. L’EEP vise désormais une population de 200 pirolles.


Logo de la campagne Silent Forest ©EAZA



Emblème de la campagne Silent Forest


En 2018, l’Association Européenne des Zoos et des Aquariums (EAZA) lance la campagne Silent Forest. Le but est de sensibiliser sur les menaces qui pèsent sur les oiseaux chanteurs et de lever des fonds pour des projets de conservation. Plus de 200 zoos y participent et plus de 500 000€ sont collectés. A la fin de la campagne en 2019, l’EAZA décide de continuer la campagne qui devient un engagement permanent notamment en faveur du CWC.

Le CCBC accueille bien d’autres espèces de mammifères, de reptiles et d’oiseaux. Le projet de conservation du CWC sur les oiseaux chanteurs concerne aussi d’autres espèces extrêmement menacée comme l’étourneau à ailes noires (Acridotheres melanopterus), la garrulaxe à front roux (Garrulax rufifrons) et la garrulaxe bicolore (Garrulax bicolor).


Références :

All the birds of the world - Lynx edicions

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