
Lynx pardelle (Lynx pardinus) ©Royle Safaris
Description
Le lynx pardelle (Lynx pardinus), se reconnaît un pelage brun rougeâtre avec de nombreuses tâches foncées. Ses favoris, ses longs poils au niveau des joues forment une collerette. Son pelage est plus contrasté que les autres espèces de lynx. Il en existe 4 au total (lynx ibérique, lynx boréal, lynx roux et le lynx du Canada). C’est le seul carnivore endémique avec le vison d’Europe. Il vit jusqu’à 1300 m d’altitude dans les forêts de chênes méditerranéennes et les paysages ouverts.
Différent de son cousin
Le lynx pardelle aussi appelé lynx ibérique, est endémique de la péninsule ibérique, en Espagne et au Portugal. L’aire de répartition de son cousin, le lynx boréal (Lynx lynx) est beaucoup plus vaste. Celle-ci s'étend des Vosges, en France, jusqu’à la Sibérie.
Le lynx pardelle (9 à 14 kg) est plus petit et plus léger que le lynx boréal (15 à 30 kg). De ce fait, il s’est spécialisé dans la chasse au lapin de Garenne (Oryctolagus cuniculus). Il représente 75 à 95% de son alimentation. Une femelle avec ses petits peut tuer jusqu’à 3 lapins par jour. Le lynx boréal s’est spécifié dans la chasse au chevreuil (Capreolus capreolus) et au chamois (Rupicapra rupicapra) qui peuvent composer au maximum 90% de son régime alimentaire.
Pendant longtemps il était considéré comme une sous-espèce du lynx boréal. Des études ont permis de mettre en évidence la présence de 2 espèces différentes. Il est possible qu’elles aient cohabité il y a plusieurs millénaires dans les Pyrénées sans certitude.
Reproduction
C’est un animal solitaire qui possède un domaine vital de 4 à 20 km2. L’été, il chasse la nuit mais en hiver il peut très bien chasser de jour. Le lynx pardelle ne se croise que pour se reproduire. La femelle met au monde 2 à 4 petits. Ils sont indépendants au bout de 7,8 mois. Il reste ensuite quelque temps sur le territoire de leur mère avant de se disperser pour trouver un territoire. Cette période est très dangereuse, le taux de mortalité grimpe à 48% mais elle est nécessaire. Cette dispersion favorise les échanges et permet d’éviter la consanguinité et un appauvrissement de la diversité génétique.

Lynx pardelle (Lynx pardinus) ©Royle Safaris
Au bord de l’extinction dans les années 2000
Au début du 20ème siècle, il restait environ 100 000 lynx pardelle. L'espèce est protégée depuis 1966. Pourtant, peu à peu, ce chiffre diminue jusqu'à atteindre 94 lynx en 2000. L'espèce survit qu'au Nord de l’Andalousie. A ce moment précis, le lynx pardelle est considéré comme le félin le plus menacé du monde. Les principales raisons de cette baisse sont le braconnage, la perte de son habitat, l’urbanisation mais surtout la baisse du nombre de lapin de Garenne. Une maladie, la myxomatose, cause la perte de 90% des lapins ! Sans sa proie favorite, les populations de lynx chutent également. En 2002, l'espèce est classée “en danger critique d'extinction” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) soit le dernier stade avant son extinction en milieu naturel.
La reconquête
En 2002, le projet Life Lince, renommé Iberlince, prévoit d'élever des lynx en captivité afin de les réintroduire. En 2003, 5 centres d'élevages voient le jour (4 en Espagne et 1 au Portugal. De nombreux petits naissent et les premières réintroductions débutent en 2009 en Espagne et en 2014 au Portugal. De nombreux lapins sont élevés et réintroductions pour augmenter le nombre de lynx. Plus de 150 000 lapins sont ainsi relâchés.
En 2016, les premiers résultats sont positifs et l'espèce est reclassée “en danger” par l’UICN, signe de l'amélioration de son statut. En 2020, la commission européenne valide le projet de connecter les différentes populations de lynx pardelle et éviter la consanguinité. 1110 lynx sont recensés. Ce nombre grimpe à plus de 2000 en 2022 dont 648 lynx matures (en âge de se reproduire). Au total, depuis 2010, plus de 400 lynx ont été réintroduits. Fin juin 2023, l’UICN annonce la bonne nouvelle. Le lynx pardelle est classé “vulnérable” soit une amélioration 2 stades depuis 2002. Si l’espèce n'est pas totalement sortie d'affaire, la situation semble s'améliorer d'année en année. C'est loin d'être le cas pour son cousin, le lynx boréal. Il en reste un peu plus d'une centaine sur tout le territoire français et il n'y a pas de programme de réintroduction, faute de consensus des différents partis. Le lynx boréal souffre encore de son image même si les attaques sur le bétail sont rares (150 ovins tués par an).
Références :
Mémoret, E (2023). Les félins. Artemis Editions
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