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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

La rhynchée d'Australie, ambassadrice menacée des zones humides australiennes


La Rhynchée d'Australie (Rostratula australis) est une espèce limicole d’Australie comme l’indique son nom scientifique. Après une forte diminution de sa population, l’espèce est aujourd’hui fortement menacée notamment à cause de la transformation des zones humides.


Rhynchée d'Australie (Rostratula australis)

Rhynchée d'Australie (Rostratula australis) ©Patrick Kavanagh



Découverte et taxonomie


La rhynchée d'Australie a été découverte en 1838 par John Gould. Elle est considérée comme une sous-espèce de la rhynchée peinte (Rostratula benghalensis) jusqu’à des études réalisées en 2007 et 2011. Une divergence de 10% de l’ADN et un caractère différent permettent la séparation des deux espèces. La rhynchée d’Australie, différentiable avec sa couleur brune chez la femelle, est endémique d'Australie. Sa cousine, la rhynchée peinte (Rostratula benghalensis), a une couleur plutôt rousse chez la femelle et vit en Afrique et au Sud de l’Asie.


Rhynchée peinte (Rostratula benghalensis)

Rhynchée peinte (Rostratula benghalensis) ©Derek Keats



Ecologie


La rhynchée d’Australie est principalement crépusculaire ou nocturne. Elle est de nature discrète la journée. Plus souvent seule, parfois en couple ou en petits groupes, elle cherche des petits invertébrés comme des vers, des mollusques ou des crustacés en forant la vase avec son bec. Des graines et divers végétaux complètent son régime alimentaire.

Il n’y a pas de saison des amours proprement définie mais la nidification se déroule le plus souvent entre août et février. Le nid est construit dans les herbes hautes, à l’abri des prédateurs. La femelle peut être polyandrique, c'est-à-dire copuler avec plusieurs mâles. Ces derniers peuvent s’occuper de la couvaison. La femelle pond alors entre 3 et 6 œufs.



Menacée par la transformation des zones humides


La rhynchée d’Australie est aujourd’hui classée “en danger” par l’Union Internationale pour la Conservation et de la Nature (UICN). Les effectifs ont notamment baissé de plus de 30% en 26 ans. Alors que la population était estimée à 3 000 en 2000, il ne resterait plus que 600 à 1 700 oiseaux matures. La principale raison de cette chute est la transformation des zones humides. La rhynchée apprécie les lacs, marécages et marais salants mais ces milieux réputés fragiles (de nombreux pays ont la même problématique dont l’Europe) sont aujourd’hui de plus en plus rares. On estime que depuis la colonisation européenne en Australie, 50% de ces zones humides ont été transformées. Le drainage et le détournement de l’eau à des fins agricoles en sont les principales raisons. Le niveau de l’eau baisse, ce qui impacte le mode de vie des rhynchées. L'invasion de plantes invasives modifie leur habitat. Les herbes hautes qui offrent une protection aux oiseaux se raréfient. La rhynchée d’Australie constitue alors l’ambassadrice de ces milieux avec le butor d’Australie (Botaurus poiciloptilus), espèce de petit héron lui aussi classé “en danger”. Ces espèces sont des “espèces parapluies”. La protection de leur habitat bénéficierait à tout un écosystème et à un grand nombre d'espèces.



Carte de répartition de la rhynchée d’Australie ©capture d’écran UICN



Des mesures de conservation nationales


En 2001, un projet pour mieux connaître le limicole est lancé par le Threatened Bird Network (TBN) et le Australian Wader Studies Group (AWSG). Autre initiative, l'organisation Birds Australia organise un comptage annuel du nombre de rhynchées.


En 2019, le gouvernement australien annonce un plan de rétablissement pour sauver la rhynchée et son habitat. L’objectif est de maintenir la population actuelle en 2030. Le plan sera revu tous les 10 ans à l’image de nos “Plan National d’Actions”(PNA) en France. L’investissement est environ de 1,2 million $ par an. En protégeant les zones humides, le gouvernement espère non seulement sauver ces espèces mais aussi bénéficier d’autres bénéfices. Le développement de l’éco-tourisme et des sorties natures pourrait être avantageux économiquement. Autre bénéfice, l’Etat australien espère pouvoir sensibiliser le public et rapprocher les australiens de la nature avec le travail des ONG comme Birdlife Australia et Bird Australia. Une sorte d’équivalent à la Ligue Protectrice des Oiseaux (LPO) en France.



Références:

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