Manchots à oeil jaune (Megadyptes antipodes) ©Yellow-Eyed Penguin Trust
Le manchot à oeil jaune (Megadyptes antipodes) est un manchot endémique des côtes Sud-Est de l’Île du Sud de la Nouvelle-Zélande et des îles alentours. Vivant en colonies de plusieurs milliers d’individus, le manchot à oeil jaune cherche sa nourriture près des côtes ou de façon pélagique c’est à dire en haute mer.
La femelle pond 2 oeufs sur les plages et dunes, cachés des prédateurs par la végétation basse.
L’espèce est classée “en danger” par l’UICN malgré des mesures de conservation mis en place par les néo-zélandais.
Des menaces multiples
Aujourd’hui, l’UICN estime le nombre d’individus matures (prêts à se reproduire) entre 2 500 et 3 400. C’est une baisse des effectifs de 50 à 79% sur les 3 dernières générations (21 ans). Comme un grand nombre d’espèces néo-zélandaises, le manchot à oeil jaune est la victime des prédateurs introduits volontairement ou non par l’Homme. Furets, hermines, chiens et chats sont une grande menace pour cette espèce. De plus, lors de la période de nidification, son aire de répartition est très réduite et donc très vulnérable.
Le manchot à oeil jaune est sensible à la qualité de son habitat. La baisse de quantité de nourriture liée à la pêche et à des changements de température de l’eau mettent en péril l’avenir de l’espèce. La pêche est également responsable de nombreux accidents : selon le Ministère des Industries Primaires, 44 oiseaux seraient accidentés chaque année et la réalité pourrait être bien plus grave. Autre activité humaine néfaste : le tourisme. Il peut déranger les colonies lorsque celui-ci est abusif ou mal encadré.
Comme un grand nombre d’oiseaux marins dans le Monde, ce manchot est victime de la pollution. Des déversements localisés d’hydrocarbures huilent le plumage de l’oiseau, qui perd alors en étanchéité et en flottaison. Sa résistance au froid est également diminuée et menace la survie de l’oiseau.
Les virus représentent également une menace. Les bactéries Corynebacterium sp touchent les populations et le parasite sanguin Leucocytozoon tawaki tue les poussins.
L’espèce est aussi visée par la paludisme aviaire transmis par les moustiques.
Selon certains scientifiques, le manchot à oeil jaune pourrait être partiellement éteint d'ici à 2060.
Manchots à oeil jaune (Megadyptes antipodes) ©Yellow-Eyed Penguin Trust
De nombreux efforts de conservation
Pour tenter de sauver l’espèce, des projets de conservations sont insufflés par le New Zealand Departement of Conservation, organisation lancée par le Premier Ministre David Lange le 1er avril 1987 (non ce n’est pas une blague). Un plan de rétablissement est créé, et le plan actuel couvre la période 2019-2029.
Le Yellow-Eyed Penguin Trust est un acteur important de la conservation du manchot à oeil jaune. Ses objectifs sont de sensibiliser le public sur l’espèce et de collecter des fonds pour sa protection.
Les sites de nidification sont protégés et des pièges sont installés pour réduire le nombre de prédateurs.
Un travail de recensement est effectué avec une méthode bien particulière : l’organisation utilise un transpondeur pour identifier les oiseaux. Une micropuce électronique est introduite sous la peau du manchot. Un code à 5 chiffres est alors donné à chaque oiseau équipé de puce. Ce système permet d’éviter les inconvénients du baguage, qui peut occasionner des accidents et des pertes. La base de données est jugée de qualité par l’UICN, qui semble recommander ce genre d’actions avec une surveillance des colonies et des taux de reproduction.
Le Yellow-Eyed Penguin Trust a développé un travail de revégétalisation de longue haleine. Grâce à des pépinières développées en 1988, l’organisation replante de nombreux végétaux indigènes et notamment près des côtés. Ils assurent une meilleure protection des manchots contre les prédateurs en servant de cachette. Ils apportent de l’ombre et de l’intimité, ce qui diminue le stress chez les oiseaux, un facteur très important car un manchot stressé tomberait plus facilement malade. Enfin, ces plantes permettent de lutter contre l’érosion et le réchauffement climatique en plus de servir au reste de la faune. Des nichoirs artificiels sont également installés.
Action de végétalisation du Yellow-Eyed Penguin Trust ©Yellow-Eyed Penguin Trust
Plusieurs refuges ou centres de soins accueillent les manchots blessés, malades ou mazoutés. Ils sont alors réhabilités dès qu’ils le peuvent. Ces centres bénéficient aussi au manchot pygmée (Eudyptula minor) et au gorfou huppé (Eudyptes sclateri) ; les 2 autres espèces de manchots de Nouvelle-Zélande, classées respectivement en “préoccupation mineure” et “en danger" par l’UICN.
Manchot pygmée (Eudyptula minor) et gorfou huppé (Eudyptes sclateri) © Yellow-Eyed Penguin Trust
Le Yellow-Eyed Penguin Trust est défavorable à un élevage captif, car les maladies et les coûts élevés rendraient le projet difficile. Le mode de vie pélagique et grégaire rend aussi la captivité compliquée. Pour eux, les mesures de conservation in-situ (sur le terrain et non en captivité) sont prioritaires.
Le tourisme pourrait être un élément important de la conservation. Plusieurs agences de voyages incluent des circuits pour observer ce magnifique oiseau dans le respect de son comportement. Symbole de la biodiversité des côtes de l’Île du Sud, le manchot à oeil jaune aurait rapporté 100 millions de dollars à l’économie de la ville de Dunedin selon une étude du professeur Clem Tisdell, de l’Université du Queensland, en 2007, soit 60 000$ par couple reproducteur.
Références
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