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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

L'aigle des Philippines, l'un des plus grands rapaces au monde, est menacé d'extinction

L’aigle des Philippines ou aigle des singes (Pithecophaga jefferyi) est le plus grand rapace au monde avec la harpie féroce (Harpia harpyja) grâce à ses 2,5 mètres d’envergure. Découvert en 1896 sur l’île de Samar, il est le super-prédateur des Philippines et membre de la famille des accipitridés qui regroupe aigles, milans, buses et certains vautours. L’espèce est classée “en danger critique d’extinction” par l’UICN comptant ainsi comme l’un des rapaces les plus menacés au monde.

Aigle des Philippines (Pithecophaga jefferyi)

Aigle des Philippines (Pithecophaga jefferyi) ©Mahany Lindquist

Répartition et reproduction

Les scientifiques s’accordent à dire que les populations d’aigles des singes n’ont jamais été très élevées. L’espèce aurait disparu des Îles de Leytes et de Samar. La plus grande population subsisterait sur l'Île de Mindanao et une autre, plus restreinte, survivrait sur l'Île de Luzon.

L’aigle des Philippines est monogame. On ne connaît pas exactement son espérance de vie mais certaines sources avancent qu’il peut vivre jusqu’à 60 ans ! Cette durée de vie s’explique par le faible taux de reproduction et l’âge tardif de la maturité sexuelle. Le mâle, ⅓ de fois plus petit que la femelle, est mature vers l’âge de 7 ans. Le couple n’a qu’une couvée tous les 2 ans. Sur les 2 oeufs pondus, 1 seul petit pourra espérer prendre son envol.

Aire de répartition de l'aigle des Philippines © UICN

Un superprédateur

L’aigle des singes est ce qu’on appelle un superprédateur. Il n’a pas de prédateur naturel et ses proies sont très diverses : primates, oiseaux, chauves-souris, rongeurs, ongulés, reptiles, insectes etc…

A l'affût depuis un perchoir, ce rapace chasse en binôme, l’un attaque de front pour faire diversion tandis que l’autre saisit sa proie par derrière. Son territoire s’étend de 60 à 130 kilomètres carrés. Il peut parfois s’attaquer au bétail et à la volaille.

Des menaces multiples

Comme de nombreuses espèces du Sud-Est de l’Asie, l’espèce est menacée par la déforestation. Les Philippines connaissent une grave explosion démographique : alors que l’archipel comptait moins de 30 millions d’habitants en 1960, la population aurait atteint 109 millions en 2020, soit une croissance d’environ 360% en 60 ans !

La pauvreté des autochtones est une menace pour l’aigle des Philippines : la chasse et les persécutions en représailles des attaques sur le bétail fragilisent encore un peu plus l’espèce. Plusieurs individus ont été retrouvés plombés. Pourtant, ce rapace est protégé. Quiconque tuerait un aigle des Philippines peut être puni de 12 ans d'emprisonnement.

Les informations diffèrent quant à la taille des effectifs de l’espèce. Certaines évoquent 200 individus mais le chiffre maximal de 600 individus est le plus reconnu.

Documentaire sur l'aigles des Philipinnes (sous-titres traduits disponibles).

Un programme de conservation

Dès 1969, le gouvernement philippin lance un programme de conservation pour sauver l’espèce. Des années plus tard, le programme devient The Philippine Eagle Foundation (PEF). L’institution a aujourd’hui de nombreuses missions comme la sensibilisation, l’éducation, la conservation et la protection de l’aigle des singes et de son habitat. La fondation gère un programme de captivité au sein du Philippine Eagle Center. Depuis 2008, au moins 21 petits sont nés. Le centre accueille également d’autres rapaces menacés comme le petit-duc de Guerney (Otus gurneyi) classé “vulnérable”, ou le petit-duc de Mindanao (Otus mirus) classé “quasi-menacé”.

Plusieurs réintroductions et translocations ont eu lieu. Les résultats semblent encourageants mais plusieurs individus ont été retrouvés électrocutés peu de temps après leur relâcher. C’est le cas pour de nombreuses espèces de rapaces dans le monde. Des aménagements existent pour diminuer les risques mais ils sont coûteux.

L’UICN préconise un développement du programme de captivité et un meilleur contrôle des pôles génétiques.

Le PEF participe à un développement durable de la population autochtone en cohabitation avec l’aigle des singes. L’organisation est aussi en relation avec les autorités pour faire respecter la loi et diminuer le braconnage.

Références

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