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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le chien des buissons, un canidé mal connu d’Amérique du Sud


Le chien des buissons (Speothos venaticus) est un petit carnivore d’Amérique du Sud et Centrale. Fait étonnant, il n’a été découvert qu’en 1842 à partir de fossiles et non à la suite d’observations. Aujourd’hui l’espèce n’est pas au bord de l’extinction mais a subi une forte baisse ces dernières années.


chien des buissons (Speothos venaticus)

Couple de chien des buissons (Speothos venaticus) en captivité ©Alexander Oehrle



Un animal sociable


Le chien des buissons est un canidé diurne et crépusculaire. Il vit en petits groupes d’une dizaine d’individus dirigés par un couple dominant. Lui seul a le droit de se reproduire. La femelle alpha met au monde entre 2 et 6 chiots. A l’image du lycaon (Lycaon pictus) en Afrique, tous les membres du groupe s’occupent de l’élevage des petits. Le chien des buissons chasse parfois en meute, il se nourrit de rongeurs comme le paca (Cuniculus paca), de tatous, de serpents et d'œufs.



Une aire de répartition immense avec de nombreux habitats


Le chien des buissons est un mammifère rare et discret. Son aire de répartition s’étendrait du nord de l’Argentine à l’Amérique Centrale toutefois les études en milieu naturel sont bien rares. Les observations sont très difficiles, y compris avec des pièges photographiques.

On le retrouve principalement proche des cours d’eau où il y a une abondance de nourriture. Ses pattes semi-palmées en font un bon nageur. Il occupe principalement les forêts primaires mais peut se trouver dans des forêts secondaires ou forêts dégradées. L’espèce a même été enregistrée dans des zones arides comme la caatinga ou le Chaco. Le chien des buissons vit plutôt en plaine mais a été découvert jusqu’à 1 900m d’altitude.

Son aire de répartition chevauche celle de son cousin, le chien des buissons à oreilles courtes (Atelocynus microtis) avec qui il est très proche génétiquement.


Chien des buissons à oreilles courtes (Atelocynus microtis)

Chien des buissons à oreilles courtes (Atelocynus microtis) ©Igor de le Vingne



Menaces


Les estimations sont difficiles du fait du peu d’informations. Il y aurait 111 000 chiens dans la nature mais le chiffre pourrait être surestimé. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) annonce que c’est tout de même une baisse de 20 à 25% en 12 ans. L’espèce est ainsi classée “quasi-menacée” et inscrite à l’annexe I la CITES qui permet de réguler son exportation et son commerce (l’Annexe I interdit tout commerce sauf à des fins scientifiques).

De nombreuses menaces pèsent sur le chien des buissons. La dégradation, la fragmentation ou la perte de son habitat sont bien sûr les principaux facteurs. En Amérique du Sud, le développement de l’agriculture et de la sylviculture est très important.

La chasse réduit aussi le nombre de proies disponibles. L’espèce peut-être également victime de persécutions de l’Homme. Au Pérou, certaines tribus le mangent et au Venezuela des chiens sont abattus en guise de trophée. Sa chasse est toutefois interdite en Colombie, en Équateur, en Guyane française, au Panama, au Paraguay et au Pérou. L’Argentine, la Bolivie, le Brésil et le Venezuela autorisent sa chasse en la réglementant.

Le chien des buissons est sensible à la transmission de maladies, surtout avec l’expansion des chiens de compagnie. Des virus comme la gale et la maladie de carré font des ravages parmi les populations.


chien des buissons (Speothos venaticus)

Chien des buissons (Speothos venaticus) en captivité ©Alexander Oehrle



Conservation


Pour le moment il n’existe pas de programmes de conservation spécifiquement dédiés à l’espèce. Elle fait l’objet d’un programme de reproduction en captivité à l’échelle mondiale entre l’Europe, l’Amérique du Nord, le Brésil et le Japon sous la forme d’un studbook qui répertorie tous les individus en captivité. En Europe, l’élevage est coordonné par un EEP (Programme d’élevage européen). L’élevage est un succès avec de nombreuses institutions participantes. Toutefois l’existence de 3 sous-espèces complique la tâche. De plus, aucune réintroduction n’a encore été tentée.



Références:



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