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Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le singe laineux à queue jaune, l’un des primates les plus menacés d’Amérique du Sud


 Singe laineux à queue jaune (Lagotrhix flavicauda)

Singe laineux à queue jaune (Lagotrhix flavicauda) ©Richard C. HoyerBirdernaturalist

Le singe laineux à queue jaune (Lagothrix flavicauda) est un primate endémique du Pérou.

Il fait partie de la famille des atelidae qui regroupe les singes laineux, atèles et singes hurleurs. Il aurait divergé des autres espèces de singes laineux il y a 2,1 millions d’années. Classée “en danger critique d’extinction” par l’UICN et inscrite à la triste liste des 25 primates les plus menacés pendant quelques années; l’espèce semble aujourd’hui bénéficier d’un peu de répit à la suite de mesures de conservation, mais sa survie reste fragile. Les informations diffèrent énormément, mais on considère qu’aujourd’hui il y aurait environ 10 000 individus dans la nature. Ses populations ont baissé de 46% à 93% depuis 1981.

Aire de répartition du singe laineux à queue jaune ©UICN

Habitat et écologie

Le singe laineux à queue jaune vit dans les forêts humides de 400 à 2700 mètres d’altitude. Ces forêts, souvent recouvertes de nuages liés à l’humidité, sont appelées forêts de nuages (cloud forest en anglais). Situées au Nord-Est des Andes, ces forêts abritent un écosystème très diversifié. Cet atelidé se nourrit de feuilles, de fruits, de lichens et de bourgeons. Selon une étude, il serait davantage folivore que les autres espèces de singes laineux.

Comme les autres primates,il joue un grand rôle dans la dispersion des graines qu’il ingère.

Les singes laineux vivent en groupe de quelques individus à plus d’une vingtaine avec des groupes multi mâles et multi femelles.

Forêt de nuages de Huànuco au Pérou ©Nature Catcher

Les menaces qui pèsent sur l’espèce

Comme un grand nombre d’espèces, le singe laineux à queue jaune est victime de la déforestation et de la destruction de son habitat. La fragmentation de la forêt augmente les risques de consanguinité et il doit parfois se déplacer au sol, les risques de prédation sont alors accrus. Son faible taux de reproduction - soit 1 petit tous les 2 ans - est un frein à la stabilisation des effectifs de l’espèce.

L’écosystème des forêts de nuages est très sensible, il est fortement impacté par le réchauffement climatique. Des périodes de sécheresse et des nuages plus hauts affectent la faune. Comme de nombreuses espèces de singes laineux, le singe laineux à queue jaune est chassé pour sa viande. En plus d’être une menace pour l’espèce, la consommation de viande de singe est un danger sanitaire pour l’Homme. La fièvre jaune, un virus mortel, touche fortement les populations de primates sud-américaines, et il est transmissible à l’humain.

Des mesures de conservation en place et des bonnes nouvelles

L’espèce est inscrite à l’annexe I de la CITES, c’est à dire que sa commercialisation est interdite sauf à des fins non commerciales comme scientifiques. Les singes laineux sont très sensibles à la captivité.

Seulement 30% de son aire de répartition est protégée, une meilleure protection de son habitat est donc indispensable à sa survie.

Très bonne nouvelle en 2020 : une réserve naturelle de 125 000 hectares a vu le jour à travers le projet “Carpish Cloud Forest Conservation Area”, dans la région de Huànuco. Un travail de longue haleine pour l’ONG Nature and Culture International, des institutions locales ainsi que la communauté des Quechuas.

Une autre ONG joue un rôle important dans la conservation de ce primate. Le scientifique Sam Shannee a créé Neotropical Primate Conservation, un programme dédié au singe laineux à queue jaune, qui existe depuis 2007. Des actions de sensibilisation et de protection des terres ont lieu en collaboration avec les communautés locales.


Références :

Aquino, Rolando, Zárate, Ricardo, López, Luís, García, Gabriel, and Charpentier, Elvis; Current Status and Threats to Lagothrix flavicauda and Other Primates in Montane Forest of the Región Huánuco; BioOne

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