top of page
  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

[Faune équatorienne : épisode 2] Cuyabeno, un paradis de la biodiversité en danger


La réserve de Cuyabeno

La réserve de Cuyabeno ©Anastasiy Safari

Pour ce reportage nous avons passé 4 jours dans la réserve de Cuyabeno.

Cuyabeno, c’est le nom de la réserve, du village et de la rivière. La réserve est située au nord-est de l’Equateur proche de la frontière colombienne et brésilienne, elle est créée en 1979. C’est une aire protégée de 6 033,8 km2 de forêts humides. Les 13 lacs permettent d’avoir une faune aussi bien terrestre que aquatique.

La réserve de Cuyabeno

La réserve de Cuyabeno ©Diego Tirira

L’enfer vert

On peut facilement reconnaître que l’on se retrouve en Amazonie lorsque l'on pénètre dans la zone. L’eau est naturellement marron avec la décomposition des plantes. La mangrove et des murs végétaux empêchent toute visibilité depuis la rivière. Cette forêt primaire abrite des arbres de plusieurs dizaines de mètres. Elle accueille aussi de nombreuses plantes médicinales comme par exemple le remède de la malaria.


Dauphin de l’Amazone (Inia geoffrensis)

Dauphin de l’Amazone (Inia geoffrensis), Cuyabeno ©Thibaut Pilatte

Une formidable biodiversité

La réserve de Cuyabeno est l’un des endroits les plus réputés au monde pour sa biodiversité. On y trouve 12 000 espèces de plantes, 550 d’oiseaux, 350 de poissons et des reptiles tels que l’anaconda (Eunectes murinus) et le caïman. De nombreuses espèces de mammifères sont également présentes tels que le tapir terrestre (Tapirus terrestris), le jaguar (Panthera onca), le plus petit primate du monde, le ouistiti pygmée (Cebuella pygmaea) et bien d’autres encore. Au niveau aquatique nous pouvons retrouver le dauphin de l’Amazone (Inia geoffrensis), le lamantin d’Amazonie (Trichechus inunguis) et la loutre géante (Pteronura brasiliensis).

Le dauphin de l’Amazone, classé “en danger” par l’UICN pourrait disparaître à long terme de la réserve. La population est faible et les naissances rares. La consanguinité est l’une des principales menaces avec la pollution des eaux.

Depuis 2018 un corridor a été créé pour relier les 2 plus grandes réserves de l’Equateur. La réserve Cuyabeno est désormais relié au Parc national Yasuni. Ce corridor permet d’avantage de protection animales en évitant l’isolement des populations et par conséquent l’apparition de la consanguinité.

Cette mesure est d’autant plus importante que la biodiversité équatorienne est menacé par l’exploitation naturelle des ressources, notamment du bois et du pétrole.

Saïmiri commun (Saimiri sciureus)

Saïmiri commun (Saimiri sciureus), Cuyabeno ©Thibaut Pilatte

Apparition du tourisme

Troisième ressource économique de l’Equateur, le tourisme s’est développé dans le années 1990. Plusieurs éco-lodges ont été construits. Réunis sur un lac, ils permettent de faire découvrir la réserve aux touristes équatoriens et étrangers. Les communautés présentent qui vivent à Cuyabeno ont pu bénéficier de cette nouvelle économie pour se développer. Ce tourisme a aussi donné une valeur économique à la réserve afin de la protéger. Seulement 1 lac sur les 13 est ouvert au public qui se déplace en bateau.

Toutefois ce tourisme à un coût écologique. Les dizaines de pirogues à moteur doivent transporter chaque jours touristes, équipements et faire le ravitaillement. Il y a donc forcément une pollution de l’eau mais aussi sonore. Si les dauphins ne sont pas trop sensibles et sont facilement observable, ce n’est pas le cas des lamantins qui sont sensibles au bruit et disparaissent dès qu’un bateau arrive. On peut imaginer aisément son état de stress lorsque la même situation se reproduit une trentaine de fois par jour. Les écolodges sont idéologiquement écologiques, peu de ressources sont utilisés et le savoir-vivre avec la nature est présent mais une pollution liée à l’évacuation des eaux usées avait été rapporté.

Des communautés indiennes

Cuyabeno est le lieu de résidence de la communauté Siona. C’est l’une des treizes nationalités d’indigènes reconnues en Equateur. Menacé par l’exploitation du pétrole dans certaines zones, les sionas vivent principalement du tourisme en travaillant dans les écolodges. Ils sont pratiquement auto-suffisant au niveau alimentaire et cultivent des bananes et du yuca (manioc). Le plat de base est le riz enveloppé dans une crêpe de yuca.

Le niveau de vie a largement évolué depuis les dernières décennies toutefois certaines traditions demeurent comme celles des chamans. Ces guérisseurs qui arborent des colliers de dents de jaguars, peinture traditionnels et coiffés de plumes de Quetzal reçoivent une formation très stricte. L’apprentissage peut commencer dès l’enfance et finir lors de la trentaine ou la quarantaine. C’est souvent un apprentissage familial.


Références :

bottom of page