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  • Photo du rédacteurThibaut Pilatte

Le manchot pygmée, plus petit manchot au monde


Manchot pygmée (Eudyptula minor)

Manchots pygmées (Eudyptula minor) ©JJ Harrison



Plus petit des manchots


Le manchot pygmée (Eudyptula minor) est comme son nom l’indique la plus petite espèce de manchot au monde. Mais c’est quoi un manchot ? Souvent confondu avec le pingouin, les manchots ne peuvent pas voler et vivent dans l’hémisphère-sud. Au contraire, le petit pingouin (Alca torda) peut voler et vit sur les côtes européennes et d’Amérique du Nord. La confusion vient du nom anglais des manchots, “penguin”. Scientifiquement parlant, le terme manchot évoque les sphénisciformes. Un ordre d’oiseaux incapable de voler. Il en existe 18 espèces. Certaines sont célèbres comme le manchot empereur (Aptenodytes forsteri), la plus grande espèce avec une taille comprise entre 1,1 et 1,2 m. Tout l’inverse du manchot pygmée qui mesure entre 30 et 40 cm pour 1,1 à 1,2 kg !



Un manchot unique


La taille n’est pas la seule singularité de cette espèce. Le manchot pygmée est très différent physiquement des autres manchots. Son plumage est bleu indigo au niveau du dos et blanc à la poitrine. C’est également le seul manchot nocturne ! Il passe la journée dans l’eau, au large des côtes pour pêcher et revient sur la terre ferme au crépuscule. Il est connu pour émettre de fortes vocalises durant la nuit.

Le dimorphisme sexuel n’est pas prononcé. Le mâle est légèrement plus gros et le bec est plus long. Le couple est monogame, il est unit pour plusieurs saisons de reproduction. Il se sépare en cas de mort d’un des deux partenaires ou d’un échec de reproduction. Le nid est creusé dans le sable sous la végétation ou encore en utilisant des rochers. La femelle pond 1 à 2 œufs et le couple se relaie pour couver. Il semblerait qu’il y ait une tendance à ce que le mâle s’occupe de la construction du nid étant plus fort physiquement. Si la reproduction échoue, il peut y avoir d’autres couvées au cours de la même année. 


manchot pygmée (Eudyptula minor)

©Magnus Kjaergaard



Un excellent pêcheur 


En période de reproduction, les manchots pygmée pêchent près des côtes, entre 8 et 9 km au large afin de ravitailler régulièrement sa progéniture. Hors période de reproduction, ils restent en général dans les 20 km autour des côtés mais certains ont déjà été aperçus jusqu’à 710 km ! Les manchots sont de bons nageurs mais le manchot pygmée l’est particulièrement d’où son nom scientifique, Eudyptula minor (Eudyptula = bon plongeur et minor = petit). Il peut ainsi plonger jusqu’à 72 m ! Son régime alimentaire se compose principalement de sardines (Sardinops sagax), d’anchois (Engraulis sp), de céphalopodes ainsi que de méduses. 



Endémique de l’Océanie


Le manchot pygmée vit sur la côte Sud de l’Australie ainsi qu’en Nouvelle-Zélande. 6 sous-espèces sont aujourd’hui recensées mais sa taxonomie reste floue et des analyses génétiques sont nécessaires pour clarifier la situation. La sous-espèce E. m. albosignata était autrefois considérée comme une espèce à part entière lors de sa découverte en 1874. Nommée en français manchot à ailerons blancs, elle est regroupée sous l’espèce Eudyptula minor en 1976. Elle est endémique de la Péninsule de Banks en Nouvelle-Zélande. 



Une situation qui semble stable mais avec des incertitudes


Globalement, l’espèce n’est pas menacée. La population globale est plutôt stable avec une estimation de plus de 450 000 manchots adultes mais seulement 60% des sites ont été recensées.

La sous-espèce E. m. albosignata est toutefois classée en danger. Son endémisme rend la situation particulièrement fragile. Sur l’Ile de Tasmanie, peu de données sont disponibles sur la dynamique de population. Le nombre de manchots pygmée est en baisse en Nouvelle-Galles du Sud et en Australie méridionale. Il est stable en Australie occidentale et en augmentation dans le Victoria. 

Les petits sites sont beaucoup plus fragiles que les grandes colonies. 69% des sites ont moins de 100 individus reproducteurs et seulement 3% des sites ont plus de 5 000 reproducteurs. Ils peuvent être sensibles à l’introduction de prédateurs comme le rat ou encore d’animaux domestiques, notamment le chien. La mortalité routière et le développement côtier impactent le manchot pygmée. Lorsque les pêcheurs utilisent des filets pour pêcher, ils peuvent attraper accidentellement des manchots en plus de la concurrence alimentaire avec ce dernier. Actuellement, les eaux du Sud-Est de l’Australie se réchauffent. Cela crée un décalage entre le plancton et les petits poissons dont se nourrissent les manchots. 

Heureusement il existe des solutions pour diminuer ces menaces. Les colonies sont surveillées par de nombreux bénévoles dévoués. Il existe plusieurs centres de soins qui permettent de réhabiliter les manchots blessés. L’espèce bénéficie d’une protection totale sur l’ensemble de son aire de répartition. Plusieurs ONG proposent un vaste programme éducatif pour sensibiliser et des projets d’écotourisme voient peu à peu le jour. Les rats causent des ravages parmi la faune néo-zélandaise et australienne. De nombreuses actions contre cette espèce invasive ont lieu. Enfin, la mise en place de nids artificiels à disposition des manchots permet d’améliorer le succès de l'élevage. 



Références :





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