Tatou géant (Priodontes maximus) ©Bradley Davis
Le plus grand des tatou
Le tatou géant (Priodontes maximus) est la plus grande des 21 espèces contemporaines de tatous. Il mesure entre 83 et 96 cm et pèse entre 18 et 32 kg ! Une stature impressionnante par rapport aux autres tatous mais insignifiante comparé au glytodon. Un tatou d’Amérique du Sud disparu il y a environ 11 000 ans et qui pouvait peser jusqu’à 1400 kg.
L’aire de répartition du tatou géant est vaste. Elle s’étend du Vénézuela à l’Argentine. Son identification est facile. En plus de sa taille, sa carapace est bicolore, la partie dorsale est sombre alors que la partie ventrale est claire.
Peu d’informations existent sur l’espèce qui est difficile à observer. Récemment, les scientifiques ont découvert le mode de reproduction du tatou géant. C’est une espèce solitaire. La femelle met au monde 1 seul petit. Il reste 6 mois avec sa mère. L’espérance de vie est d’environ 12 à 15 ans.
Un rôle écologique important
Le tatou géant vit à proximité des points d’eau. Nocturne, il demeure dans les zones à fortes densités de termites. C’est un animal spécialiste. Il se nourrit principalement de termites et de quelques espèces de fourmis. Il peut parfois compléter ce régime en se nourrissant de charognes, de vers ou de petits vertébrés. Il possède de longues griffes, la 3ème est plus grande, jusqu’à 14 cm. Elle est en forme de pelle pour creuser. Il est capable de se mettre sur ses pattes arrières pour atteindre les termitières. Il se repose ensuite dans des terriers qu’il creuse lui-même, environ 1 toutes les 3 nuits. Ils peuvent atteindre jusqu'à 5 m de profondeur !
Le tatou géant est essentiel écologiquement. Par son alimentation, il régule les populations de termitières et aère les sols. Lorsqu’il abandonne ses terriers, ils sont utilisés par d’autres animaux. Au moins 57 espèces de vertébrés y trouvent refuge. D’autres utilisent les amas de terre rejetée pour s’y reposer.
Relaché d’un tatou géant ©Christoffer Bangsgaard
Une espèce menacée
Malheureusement, le tatou géant est considéré comme menacé. Il est classé “vulnérable” sur la liste rouge de l’UICN et même “en danger critique d’extinction” au Brésil. L’espèce est considérée comme rare avec une densité de 7 individus/650km2 au Suriname et 5,7 à 6,2/100km2 en Bolivie. L’UICN évoque une baisse de 30% des populations sur les 3 dernières générations (21 ans). En 1999, Nowak suggère une baisse de 50% rien que sur la décennie précédente. Les raisons sont nombreuses : déforestation et transformation de l’habitat, chasse, collision routière, trafic illégal…
Il existe un programme de conservation dédiée à l’espèce. Le Giant Armadillo Conservation Program (GACG), piloté par l’Institut de Conservation des Animaux Sauvages (ICAS). Le programme intervient dans le Pantanal, le Cerrado et la forêt atlantique au Brésil. L’éducation et la sensibilisation des populations autochtones sont les principales missions du programme ainsi que l’étude du tatou géant. Comme dit précédemment l’animal est difficile à observer étant nocturne. Des pièges photographiques sont installés et certains individus sont capturés pour faire des mesures, des prises de sang ainsi que les équiper de collier GPS. Le but étant de suivre les dynamiques de populations. L’opération est visible dans la vidéo ci-dessous.
Conflit avec les apilculteurs
Lorsque les termites et les fourmis se font rares, les tatous géants n'hésitent pas à s'attaquer aux ruchers pour dévorer les larves d'abeilles. C'est le cas notamment dans le Cerrado où 73% des ruchers ont été attaqués ces 5 dernières années. Face à la colère des apilculteurs, l'ICAS a étudié le moyen de protéger les ruches afin de faciliter la cohabitation avec le tatou géant. La solution trouvée est de placer en hauteur les ruches ou encore de les cloturer pour les protéger. Par sa communication et son packaging, ce miel labellisé permet de mettre en valeur le tatou géant et de faire de la sensibilisation.
Un grand merci à l'équipe de l'ICAS pour le partage des photos !
Sources :