Mâle babiroussa ©Phil Chaon
Le babiroussa est un animal étonnant et unique par son aspect notamment avec les dents et canines imposantes qu’affichent les mâles. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu son nom, babiroussa signifie cochon-cerf en malais.
Aire de répartition
Le babiroussa est endémique des forêts tropicales et humides de l’Indonésie. Il occupe les îles Muna, Sulawesi, Malado, Buton ainsi que Lembeh bien que sa présence sur cette dernière soit encore incertaine. Excellent nageur, il est capable de traverser les fleuves voir même les bras de mer et ainsi rejoindre une autre île. Le babiroussa vit principalement dans la jungle marécageuse, souvent au bord des lacs. Il aime se rouler dans la boue pour protéger sa peau. Il y cherche bulbes, racines, fruits mais également invertébrés et petits vertébrés.
Une taxonomie floue
Pendant longtemps le babiroussa était décrit sous une seule espèce Babyrousa babyrousa avec 4 sous-espèces. Ces dernières ont été récemment élevées au rang d'espèces à part en 2002.
Babiroussa doré (Babyrousa babyrousa), vit au Nord de l'île Buru et Sula.
Babiroussa des Célèbes (Babyrousa celebensis), vit au Nord de l’île Sulawesi
Babiroussa de l’île Togian (Babyrousa togeanensis), vit sur l'île Togian
† Babyrousa bolabatuensis, espèce éteinte récemment
Babiroussa ©Phil Chaon
Des dents surprenantes
Il existe un dimorphisme sexuel bien visible chez le babiroussa. Les mâles sont plus imposants que les femelles. Ils possèdent des canines proéminentes ainsi que des dents qui poussent à travers et se courbent avec le temps. Elles servent essentiellement pour les joutes nuptiales. Un mâle qui n’en a pas ou les a cassé a beaucoup moins de chances de se reproduire. Elles poussent toute leur vie et peuvent même transpercer le crâne en effectuant une boucle complète ! Les femelles n’en ont pas ou elles sont peu développées.
Un mode de vie différent des autres suidés
Les femelles vivent en groupes familiaux mais plus réduits que les autres suidés, en général 8 à 13 individus maximum. Les mâles sont solitaires. Ils se battent pour s’accoupler avec les femelles. Contrairement à ses cousins, la femelle met au monde seulement 1 à 2 petits. Son taux de reproduction est assez faible et le niveau de prédation est peu important notamment pour les adultes. Les principaux prédateurs des jeunes sont les pythons et les civettes.
Famille de babiroussas au CERZA ©CERZA
Une espèces menacée
Le babiroussa est généralement menacé par la déforestation ou la chasse comme son cousin le sanglier des Visayas (Sus cebifrons). Il est pourtant protégé par la loi indonésienne mais elle est peu respectée. On le retrouve fréquemment sur les étales des marchés. La dégradation de la forêt, l’assèchement des zones humides et l’exploitation de la forêt impactent grandement le babiroussa, animal farouche. Sur l'île Sulawesi, 75% de la forêt de plaine a disparu !
Le Babiroussa doré (Babyrousa babyrousa) est classé “vulnérable”, il y a peu de données sur l’espèce.
Le Babiroussa des Célèbes (Babyrousa celebensis) est classé “vulnérable”. Sa population actuelle est estimée à 10 000 adultes. Les populations du centre, de l’Est et du Sud-Est pourraient être taxonomiquement différentes ce qui aggraverait sa situation en rendant son statut caduque.
Le Babiroussa de l’île Togian (Babyrousa togeanensis) est classé “en danger” avec moins de 2 500 adultes sur une surface très réduite (moins de 5000km2).
Un Plan National d’Action a été mis en place en 2013 mais les baisses des populations sont encore à prévoir. Les plans mondiaux de gestion des espèces (GSMP), sont des élevages en captivité internationaux, en 2015, un GSMP est créé pour le babiroussa. Le but est de sensibiliser les visiteurs sur les menaces qui pèsent sur ces espèces mais également de créer des populations de secours en captivité. De nombreuses institutions y participent.
Références :
ITIS
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